Quelques tirs de feux d’artifice ont salué l’annonce de la mort du président Raïssi et de nombreux Iraniens se sont réjouis secrètement de la disparition du « boucher de Téhéran », ce procureur qui, à la fin des années 80, a fait exécuter des milliers de personnes dans la prison d’Evin, ce dirigeant qui a lancé la police des mœurs à l’assaut des femmes éprises de liberté.
La mort du président n’est cependant pas annonciatrice de changements. Dimanche soir, alors que les recherches étaient en cours, le bureau du guide suprême, l’ayatollah Khamenei, a insisté sur le fait qu’ « il n’y aura aucune perturbation dans l’administration du pays ». La mort du président ? Un non-événement en ce sens que le pouvoir réel est aux mains du guide suprême et des gardiens de la révolution. Le président n’est là que pour exécuter les ordres, mais il le fait avec plus ou moins de zèle, et le poste est très convoité. Ce qui va faire entrer le pays dans une période d’incertitude.
Ce n’est pas la ligne politique qui est en cause mais la manière dont elle est suivie. L’ennemi restera Israël et l’Occident, la Palestine demeurera une cause prioritaire, les proxys seront toujours aidés, mais des nuances peuvent apparaître en fonction de la personnalité de l’élu. On peut également assister à des tentatives de rapprochement, de recherche d’accord avec les Américains et les Européens
Dès maintenant, la bataille est lancée entre les conservateurs et les ultraconservateurs qui vont vouloir imposer leur candidat. Les modérés, et les récentes élections législatives viennent de le prouver, sont hors-jeu. Cinquante jours au plus pour trouver et élire un candidat pour quatre ans. Et au-delà, la relance de la lutte pour la succession de l’ayatollah Khamenei, 85 ans. Ebrahim Raïssi figurait sur la longue liste des candidats.
Quel qu’il soit, le prochain président trouvera le même Iran que Raïssi : un pays en rupture, une forte crise économique et sociale, une population majoritairement hostile au pouvoir qui aspire à une vie meilleure. Raïssi était en échec, incapable de redresser la situation économique – 42% d’inflation, peut-être 60%, chômage croissant. Un pays de précarité, voire de misère.
La répression, la peur engendrée maintiennent les mollahs au pouvoir… Pour combien de temps ?
Dans l’immédiat, une autre question attend une réponse : quelle est la cause du crash de l’hélicoptère présidentiel ? Les experts aéronautiques estiment l’accident possible, mais l’on s’interroge sur les deux appareils d’escorte. Certaines sources ont évoqué la thèse de l’attentat. Des responsables israéliens anonymes affirment : « ce n’était pas nous ».