Sa mort, le 16 septembre 2022, faisait de Masha Amini un symbole reconnu dans le monde entier et lançait le mouvement Femme Vie Liberté vite encouragé par une bonne partie de la population mais violemment réprimée par la mollarchie.
Quelle influence auront ce vendredi ces longs mois de contestation sur le vote des 59 millions d’Iraniens appelés à élire un nouveau président suite au décès accidentel d’Ebrahim Raïssi ? Malheureusement, pratiquement aucune sur la marche du pays. Le mécontentement, la colère d’un pays confronté à une crise économique sans précédent, dont de plus en plus d’habitants tombent dans la misère pourront être visibles dans le nombre élevé d’abstention malgré l’appel de l’ayatollah Khamenei à une « participation élevée ». Lors des législatives de mars, l’abstention avait été officiellement de 59%, la plus forte depuis 1979.
Les chercheurs estiment que le régime est soutenu par 15% des Iraniens, que 15 % lui sont totalement opposés et que les autres sont surtout dégoûtés, sans espoir. Parmi ces derniers, de nombreux jeunes – un Iranien sur deux a moins de 30 ans- qui rêvent surtout d’ exil.
De tels faits, de tels chiffres devraient entraîner naturellement l’élection d’un réformiste, Massoud Pezeshkian, à la présidence, mais le conservateur Mohammad Ghalibaf, président du Parlement, est donné favori devant un autre conservateur Saïd Jilali. Mais les Iraniens savent que le président n’a pas vraiment le pouvoir de changer leur vie. Le pouvoir réel est entre les mains du Guide suprême et des Gardiens de la révolution qui contrôlent près de 30% de l’économie et constituent un Etat dans l’Etat.
Paradoxalement, la situation économique désastreuse donne un motif d’espoir : pour sortir de son isolement, pour atténuer l’effet des sanctions occidentales, les réduire, le président élu pourrait rechercher des compromis, adopter une attitude plus conciliante. Un besoin d’apaisement pour durer.
En effet, la mollarchie, qui veut absolument se maintenir au pouvoir, sait que la menace principale ne vient pas des Etats-Unis mais bien des gens qui ne peuvent plus vivre…
D’ailleurs, pour l’Iran, cette présidentielle n’éclipsera pas le débat essentiel : qui pour succéder au Guide suprême, Ali Khamenei, 85 ans, au pouvoir depuis 1989 ? La bataille est commencée…