Les sondeurs sont d’accord : dimanche soir, aucun des trois blocs n’aura la majorité absolue en France et le Rassemblement national, qui parlait déjà comme s’il était au pouvoir, en sera même assez loin avec un maximum de 205 à 210 sièges, au lieu des plus de 289 convoités. Il ne faut pas croire les sondages, répètent Marine Le Pen et Jordan Bardella qui rappellent qu’il y a deux ans, on ne leur accordait pas les 88 sièges obtenus. Raphaël Glucksmann déclare lui aussi qu’une majorité absolue du RN « n’est absolument pas écartée ». Tous appellent les électeurs à se mobiliser, à aller voter pour éviter le pire, le pire d’extrême droite ou le pire d’extrême gauche.
Les sondeurs, qui disent avoir appris de leurs erreurs des législatives de 2022, estiment que leurs prévisions sont justes mais se montrent prudents en indiquant, en accord avec les politistes et les commentateurs, que la participation sera déterminante. Les abstentionnistes feront le résultat. Avec cette question : comment les électeurs reçoivent-ils les consignes de vote ? Un macroniste peut-il voter pour un insoumis, et inversement ? Des familles se fâchent, se divisent devant les bulletins de vote ou plutôt l’absence de celui de « leur candidat » qui a dû se désister… Comment voter contre ses idées ? Combien de bulletins blancs ou nuls ?
Inconnu, incertitude sont les mots qui reviennent le plus pour qualifier ce second tour des législatives françaises. Majorité absolue, majorité relative avec gouvernement de coalition de gauche ou de droite, quel Premier ministre, pays ingouvernable et immobile, tout est possible. Il faudra inventer quelque chose, insistent des acteurs politiques opposés insoumis et aux Lepénistes qui ne veulent que leur programme. La France songera-t-elle demain à passer de la culture de la confrontation à celle du compromis ? Ce serait une véritable révolution, un peu le « en même temps », le dépassement des partis que Macron n’a jamais réussi à mettre en place.
D’après ce que l’on entend sur les télés et radios françaises, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon préféreraient plonger leur pays dans la crise afin de pousser le président à la démission. Mais c’est une autre histoire.