Le 9 juin au soir, fort du résultat des Européennes, Jordan Bardella se voyait déjà à Matignon gouvernant une France où le Rassemblement national détenait la majorité absolue. A peine un mois plus tard, le Front républicain ayant fonctionné au-delà des espérances, c’est le Nouveau Front Populaire qui sortait en tête des législatives.
Rien n’avait marché comme prévu et la démocratie parlementaire prenait le pouvoir qui échappait au président de la République. Nul n’était vraiment préparé à cette situation inédite. Le NFP réclamait Matignon pour appliquer sans partage tout son programme. Mais l’union n’était que de façade et l’accord programmatique avait été facilement conclu car, au fond, les signataires ne croyaient pas en leurs chances de victoire. Aujourd’hui, c’est une autre paire de manches : ni les insoumis, ni les socialistes ne veulent céder.
Les Français, qui, par leur vote, appelaient à une nouvelle manière de gouverner, ne sont pas, à 61%, satisfaits de la configuration de la nouvelle Assemblée, indique un sondage Odoxa pour le Figaro et 73% rejettent un gouvernement formé par le NFP.
Faut-il s’orienter, comme le préconise l’Elysée vers une coalition « républicaine » écartant les insoumis et le RN ? Ce serait peut-être l’idéal, mais comment mettre d’accord une partie de la gauche, Ensemble et la « Droite républicaine » de Wauquiez ? La quadrature du cercle à l’heure actuelle.
L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin affirme que « ce n’est pas un cadeau que de former un gouvernement aujourd’hui ». « La vérité, même, c’est un bâton merdeux », ajoute-t-il. Il entrevoit le « chaos » dont la France ne pourrait sortir que par la démission du président. Sans doute trop pessimiste et exagéré, mais l’hypothèse est forcément envisageable. D’autant plus que tout ce drôle de jeu autour de Matignon et du gouvernement se joue sans perdre de vue 2027. Aucun des joueurs ne veut gâcher ses chances de candidature, ses espoirs élyséens.Les français devraient en savoir plus sur leur avenir proche jeudi prochain au moment de l’élection du président ou de la présidente de l’Assemblée nationale. Deux jours plus tôt, Macron aura accepté la démission de Gabriel Attal. Les Jeux Olympiques que la CGT, sortant de son rôle syndical en exigeant un gouvernement NFP, pourrait perturber, vont-ils accélérer les choses. Un gouvernement technique assurera-t-il l’intérim ?
La France reste dans l’incertitude et le doute. Elle est peut-être en phase d’apprentissage d’une nouvelle culture politique, celle de la démocratie parlementaire…