Naguère, l’Etat hébreu avait un mantra : il faut libérer les otages à tout prix. Depuis le 7 octobre, Netanyahu et ses ministres extrémistes ont oublié le « à tout prix », désapprouvés par une grande partie de la société. Dimanche, des familles ont encore réclamé un accord avec le Hamas et la plus grande centrale syndicale, la Histadrout a appelé à une grève générale, estimant qu’ « un accord est plus important que tout le reste ». Des proches d’otages regrettaient que chaque jour soit « une roulette russe, la roulette russe de Netanyahu qui va continuer à y jouer jusqu’à ce qu’ils soient tous morts ». « Nous ne laisserons pas faire », ajoutaient-ils.
Et ce matin, une grande partie du pays était à l’arrêt. Pas du goût du gouvernement qui a porté plainte devant les tribunaux, affirmant que la grève était politique et donc illégale. Les larmes aux yeux, exprimant son soutien aux otages, une juge ordonnait la fin de la grève. « Bibi » pouvait continuer à prétendre mener des « négociations intensives » dans un « suprême effort » pour obtenir la libération des otages et affirmer, visant le Hamas, que « quand on assassine des otages, c’est le signe que l’on ne veut pas d’accord ». Certes, l’assassinat de ces six otages dans les tunnels est totalement condamnable, mais on sait également que la revendication du contrôle par Israël du corridor de Philadelphie est liée directement à ce geste sauvage.
Il ne faudrait pas trop espérer que cette tentative de grève générale, que ces mouvements quotidiens de protestation vont infléchir la position du Premier ministre israélien. Le 7 octobre, le Hamas, s’il a remis la cause palestinienne sur le devant de la scène, aussi donné à Netanyahu la possibilité de se battre pour sa grande « cause » à lui : jamais d’Etat palestinien. Et à Gaza, comme en Cisjordanie, il avance… Aucun compromis…
Malgré les critiques, « Bibi » n’est pas seul. Quelques proches des otages maintiennent que les membres du Hamas « sont des meurtriers et des violeurs de la pire espèce, des animaux humains ». Et son ministre Ben Gvir ; qui refuse tout accord « irréfléchi » répète qu’ « avec le Hamas, il faut parler uniquement à travers le viseur des fusils ».
Malgré tout, l’avenir de Netanyahu est compté. Mais avant qu’il ne sombre, il aura, avec et grâce au Hamas, fait beaucoup de dégâts.