On peut défendre le droit, réel, d’Israël à exister et à se défendre, mais tout n’est pas permis. Les dernières déclarations de Benjamin Netanyahou à propos du Liban relèvent de l’impensable, de l’insensé, de la folie. Il menace les Libanais de subir des « destructions » comme à Gaza et les somme de « libérer leur pays du Hezbollah ». Un véritable appel à la guerre civile !
L’ONU appelle à une action urgente pour mettre fin à l’escalade au Liban et empêcher que le conflit connaisse « la même spirale catastrophique » que celle observée à Gaza. Le Haut-commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, demande de « faire tous les efforts possibles pour secourir le Liban » et le PAM alerte sur la sécurité alimentaire « fragilisée » et redoute de « possibles pénuries et épidémies ». Environ 1,5 millions de personnes ont dû fuir leurs maisons, soit près du quart de la population.
Que dire de tels propos qui ne peuvent que resserrer les rangs des Libanais qui, de toute façon, manquent de moyens pour s’opposer au Hezbollah ? Netanyahou ne pense qu’à la force, qu’au rapport de force et se prend pour le sauveur de son pays qu’il croit menacé. Oui, l’Etat hébreu sera menacé dans son existence tant qu’il n’y aura pas de paix durable, de reconnaissance des droits des Palestiniens à un Etat viable. Seule la paix peut apporter la sécurité. Netanyahou ne l’a pas compris. Et il sait qu’il ne risque rien : à moins d’un mois de la présidentielle, les Etats-Unis ne vont pas le lâcher. Et pourtant, ils pourraient l’amener à plus de raison en suspendant les livraisons d’armes.
En 1982, Ronald Reagan l’avait fait temporairement pour contribuer à mettre fin à la guerre, déjà au Liban. Le Premier ministre israélien de l’époque, Menahem Begin et son ministre de la Défense, Ariel Sharon, avaient vivement réagi : « Quand l’existence et la sécurité sont en jeu, tout est notre responsabilité, on ne laissera jamais personne d’autre décider pour nous ». Benjamin Netanyahou a de qui tenir…
Il a annulé la visite que Yoav Gallant, son ministre de la Défense, devait effectuer ce mercredi à Washington. Il pourrait s’entretenir avec Joe Biden. Ce dernier s’inspirera-t-il de son prédécesseurs ?
Et l’on pense aussi au général de Gaulle qui le 2 juin 1967, à la veille de la guerre des six jours, avait décrété un embargo sur les armes à destination de l’Etat hébreu et qui, le 27 septembre, interrogé sur la situation au Proche Orient lors d’une conférence de presse restée dans les annales, parlait d’un “peuple d’élite, sûr de lui et dominateur”.