Surprise totale, énorme : Donald Trump va retrouver la Maison Blanche en tant que 47 ème président des Etats-Unis. Comment les sondeurs qui, dans leur dernière livraison, donnaient Kamala Harris gagnante, les observateurs, les journalistes que nous sommes ont pu à ce point se tromper, pronostiquer qu’il faudrait du temps avant de connaître les résultats ? En affirmant que ses républicains allaient « submerger » les démocrates, le 45ème président ( mandat de 2016-2020) président avait raison… Il remporte aussi le vote populaire
Même s’il est condamné le 26 novembre dans l’affaire concernant le paiement de 130.000 dollars, maquillé en frais juridiques, à la star de films pornographiques Stormy Daniels, le milliardaire a la voie libre pour appliquer son programme, d’autant qu’il a conquis également le Sénat et sans doute la Chambre des représentants. La Cour suprême lui est déjà acquise.
Que fera-t-il en réalité ? En 2016, il avait tenu le même discours qu’aujourd’hui, promettant d’être un président rassembleur. Il ne fut que diviseur et il l’est toujours. Son mandat n’avait pas été une grande réussite comme il le prétend et rien ne permet de croire que sa nouvelle présidence marquera le retour d’un « âge d’or » américain.
Le monde vit peut-être un moment de bascule, mais entre ce qu’il a dit qu’il ferait et ce qu’il fera, il peut y avoir une large marge. Si son élection ravit les autocrates, les populistes qui rêvent de suivre ses traces, parler reste plus facile qu’agir. Le premier jour, a-t-il répété, il procédera à une remigration massive, expulsant ces millions d’immigrés criminels et violeurs. Est-ce vraiment possible ? Qui leur ferait franchir les frontières ? Quelles seraient le conséquences économiques, internationales ?
Et le Proche Orient ? Benjamin Netanyahou se félicite du retour d’un allié qui veut le laisser libre de poursuivre sa guerre mais qui lui a demandé d’ « arrêter detuer des gens » à Gaza et a répondu, interrogé par Biden lors du débat de juin sur la création d’un Etat palestinien : « il faudra que je voie ». Homme des accords d’Abraham et partisan fervent d’un rapprochement entre Israël et l’Arabie Saoudite, il devra tenir compte de la volonté exprimée par le Royaume de voir d’abord reconnu les droits des Palestiniens. Soutiendra-t-il « Bibi » dans sa volonté d’empêcher à tout prix l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ?
L’homme qui ne se pose qu’une question avant d’agir « que vais-je gagner », est, par nature imprévisible. Il est donc hasardeux de s’engager sur ses futures décisions, que ce soit sur l’Ukraine, la Russie, la Chine, l’Europe. Tout dépendra des rapports de force qu’il aura établi, des transactions possibles.
En attendant, chaque pays, chaque camp doit se préparer. L’Europe va-t-elle s’unir davantage comme le souhaitent Macron et Scholz ou se diviser en pro et anti-Trump ?
S’il faut être circonspect, voire méfiant, il ne faut pas croire que Trump se transforme en dictateur. Les Etats-Unis restent un Etat de droit avec des institutions et contre-pouvoirs forts. La principale crainte serait plutôt son état de santé – c’est le président élu le plus âgé- ses incohérences, son équilibre mental.