Donald Trump garde le secret sur ce qu’il fera à propos de l’Ukraine – le sait-il lui-même ?-, mais son homologue russe ne cache pas ses intentions. Il vient de les répéter au chancelier allemand qui a repris avec lui le contact rompu en décembre 2022. Vladimir Poutine est prêt à un accord qui tient compte des « réalités du terrain », donc de l’annexion de 20% de l’Ukraine en plus de la Crimée et « s’attaque aux causes profondes du conflit ». “La crise actuelle, affirme-t-il, est le résultat direct de la politique agressive de l’Otan depuis des années visant à créer sur le territoire ukrainien une tête de pont anti-russe”. Toujours son faux récit, sa réécriture de l’histoire.
Au-delà des différentes prises de position, de la réaffirmation du soutien total de l’Occident à l’Ukraine et des considérations de politique intérieure allemande – la fin du conflit donne une chance à Scholz de rester au pouvoir-, il y a une évidence qui s’impose à tous : après 1 000 jours de guerre, nul ne voit Kiev gagner et Moscou être défait. Il faut donc songer à des négociations.
Trump a promis aux Américains de ramener la paix partout et entend tenir parole sans perdre la face. Poutine se vante de ses succès, de son pays très allant, mais sa Russie invincible est en difficulté du fait de sa guerre qui absorbe plus de 40% de son budget. Les centaines de milliers de morts et les départs du pays – peut-être un million- provoquent une raréfaction de la main-d’œuvre et de sombres perspectives économiques. La croissance reste bonne mais ralentit, l’investissement est en panne, l’inflation dépasse les 8%, le double des prévisions et 25% pour les produits laitiers. Les Russes volent du beurre…
De son côté, l’Ukraine souffre de plus en plus et l’hiver s’annonce très dur. Les tensions se font plus vives entre le front et l’arrière, 15 000 affaires pour désertion ont été ouvertes entre janvier et août et beaucoup tentent d’ échapper à la mobilisation.
Si Volodymyr Zelensky critique le coup de téléphone, dont il avait été averti, de Scholz à Poutine et, craignant d’être lâché malgré toutes les promesses, le qualifie d’ « ouverture de la boîte de Pandore », il se montre réaliste. Dans une interview diffusée ce samedi matin, il reconnaît une situation « vraiment compliquée » sur le front et affirme vouloir la fin de la guerre dans son pays en 2025 par « des moyens diplomatiques ». Bien sûr, il rappelle ses conditions, opposées à celles de Poutine : que l’Ukraine soit « forte » et « pas seule avec la Russie ».
Le conflit est-il à un tournant ?