Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, les Etats-Unis et ses alliés européens soutiennent activement Kiev mais tardent à fournir les armes réclamées avec insistance par Zelensky au point que ses militaires regrettent de devoir se battre « une main attachée dans le dos ». Blindés, Himars, F-16 ont mis longtemps à arriver et les retards de livraisons sont la norme.
Jusqu’à hier, l’autorisation d’utiliser de missiles à longue portée (dans les 300 km) du type ATACMS, Scalp ou Shadow était refusée par Joe Biden. Pas question de provoquer directement la Russie. Le président en fin de mandat aurait changé d’avis en raison de la présence en Russie de soldats nord-coréens. Ce droit de lancer des missiles américains et, sans doute britanniques et français, ne concernerait, pour l’instant, que la région russe de Koursk occupée depuis août par les Ukrainiens. Une réponse à l’internationalisation du conflit à l’initiative de Poutine, liée au nombre élevé de morts et au manque de main d’œuvre dans les entreprises…
Cette décision de Biden, qui vient trop tard pour changer la donne, est d’ailleurs plus politique que militaire. Avertis avant que les missiles frappent, les Russes peuvent déplacer, reculer leurs bases et cibles militaires au-delà de 300 kilomètres. Le but principal est d’aider Kiev à conserver le terrain gagné dans le pays de Poutine dans l’optique de futures négociations. Garder un moyen de pression, une monnaie d’échange. Biden entend aussi, par avance, contrer son successeur qui se vante de pouvoir, sans dire comment, arrêter le conflit en 24 heures. En cessant tout envoi d’armes et d’argent ? Ou en mettant le paquet pour faire céder son ami-ennemi de Moscou ?
Dmitri Peskov a beau déclarer que Washington « jette de l’huile sur le feu » et s’implique directement dans la guerre ainsi que l’Otan, Moscou poursuit le même but que l’attelage Washington-Kiev : créer un rapport de force en sa faveur. Les bombardements poutiniens sont plus massifs et meurtriers que jamais.
Paradoxalement, ce qui peut ressembler à un sursaut guerrier confirme que l’on se dirige vers des négociations. Même Zelensky en convient.