A Beyrouth et dans le Sud, le chant des oiseaux a remplacé ce matin le fracas des bombes. Une lueur d’espoir après deux mois de guerre ouverte et une soirée de bombardements d’une rare violence. Israël et le Hezbollah ont accepté une trêve de soixante jours saluée par l’ONU et la communauté internationale.
« Un nouveau départ pour le Liban » se félicite Joe Biden qui a mis une énorme pression sur les deux camps afin de parvenir à cet accord qui rehausse son bilan en matière de politique étrangère. Dans son discours d’acceptation, Benjamin Netanyahou avoue qu’Israël a besoin de souffler : fatigués, les soldats pourront se reposer et Tsahal reconstituer son stock de munitions. Priorité sera donnée, ajoutait-il, à la focalisation sur l’Iran et au « but suprême », la libération des otages.
Alors, une simple pause pour « Bibi » qui a promis la victoire ? Un cessez-le-feu fragile ou durable ? Les prochains jours le diront, mais il est à noter que les deux parties conservent le droit de se défendre. Netanyahou a prévenu qu’il n’hésiterait pas à reprendre le combat s’il estime que le Hezbollah ne respecte pas le cessez-le-feu. Naïm Qassem, le nouveau chef du « Parti de Dieu » n’avait pas encore réagi ce jour à midi, mais il a indiqué il y a quelques jours qu’il suivrait l’avis du président chiite du Parlement, Nabih Berri, mandaté pour négocier au nom du Hezbollah avec l’envoyé spécial de Joe Biden, Amos Hochstein.
L’accord qui est entré en vigueur ressemble à la résolution 1701 adoptée en 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU et jamais appliquée. Que va faire l’armée libanaise dont le rôle sera crucial pour faire respecter le retrait des hommes des deux camps ? Le Hezbollah lui rendra-il ses armes, dévoilera-t-il ses nombreuses caches ? Faible, sans moyens, l’armée libanaise doit être aidée par les parrains américains et français de l’accord…
Que va faire l’Iran ? Comme les Houthis et ses autres proxys, Téhéran peut considérer que la fin des hostilités imposée à Israël constitue une victoire, mais au moment où des discussions sur son programme nucléaire ont lieu ce vendredi avec la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, sa priorité est ailleurs, surtout dans l’optique du retour de Trump à la Maison Blanche.
Et puis, la question de l’après se pose. Que se passera-t-il le soixante et unième jour, le soixante deuxième ? Rien ne semble prévu pour résoudre les litiges anciens, comme le tracé des frontières ou actuels comme le retour des réfugiés dans un Sud Liban quasiment détruit et la reconstruction -au moins 20 milliards de dollars. Et le Liban n’a toujours pas de président.
Malgré tout, l’heure est à l’espoir d’autant que le Hamas se dit prêt à un accord « sérieux » avec échange de prisonniers.