Aujourd’hui et demain, c’est la grande fête « MEGA » organisée à Madrid par Santiago Abascal, leader du parti d’extrême droite Vox, autour d’Elon Musk avec les représentants du groupe du Parlement européen les Patriotes. On y verra notamment le Hongrois Viktor Orban, l’ italien Matteo Salvini, le Néerlandais Geert Wilders, le Tchèque Andrej Babis, et la Française Marine Le Pen.
« MEGA », Make Europe Great Again, c’est le slogan lancé par Elon Musk et le mouvement qu’il appelle « les peuples d’Europe » à rejoindre. Une manière de diviser les Européens, de renforcer le camp populiste , nationaliste et autoritaire.
En réalité, ce n’est pas nouveau. Souvenez-vous de Steve Bannon, le spin-doctor d’extrême droite qui fut brièvement conseiller stratégique de Donald Trump durant son premier mandat. Si les deux hommes se sont fâchés et si Bannon a passé quelques temps en prison, ils semblent réconciliés et le président utilise, en signant décrets sur décrets la méthode Bannon qui consiste à « inonder la zone » pour faire suffoquer l’opposition, voire le monde.
L’homme le plus riche du monde fera-t-il mieux que le populiste nationaliste qui voulait conquérir l’Europe et la réduire en faisant élire des candidats d’extrême droite eurosceptiques ? Il a l’appui de Trump, de l’argent et son réseau social. Une grande force de frappe.
Les circonstances et les objectifs ne sont plus les mêmes. A l’époque de Bannon, il s’agissait de détruire l’Union européenne, de provoquer d’autres sorties, genre Brexit. Aujourd’hui, les Patriotes, troisième groupe du Parlement de Strasbourg, ne veulent plus quitter l’Union mais la « transformer de l’intérieur ». « Je considère que son fonctionnement actuel est antidémocratique, antinational et complètement contraire à la souveraineté des nations » disait récemment Marine Le Pen au quotidien espagnol El Païs. Sur Franceinfo, le Français Thierry Mariani confie: « Avant, on pesait dans les débats mais on ne pesait pas dans les votes. Maintenant, on pèse dans les débats et dans les votes ».
Il faut préciser que les Patriotes (84) ne représentent pas tous les députés défendant des positions nationalistes, anti-migrants, anti-woke et anti-Bruxelles. Les élus de l’Italienne Meloni siègent avec l’extrême droite polonaise au sein des Conservateurs et réformistes européens (CRE- 78) et ceux de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), des amis de Musk, parmi l’Europe des Nations Souveraines (ENS- 25). Au total 187 députés sur 720, soit le deuxième « bloc » du PE.
En s’ingérant dans les affaires européennes, Elon Musk sert la politique de son ami -jusqu’à quand ?- de la Maison Blanche, mais il pense d’abord à lui-même. Un des sujets débattus à Madrid par les Patriotes porte, en effet, sur la liberté d’expression face à la « censure » exercée selon eux par l’Union européenne, à travers ses règlements applicables aux réseaux sociaux. Un spécialiste de ces réseaux Xavier Degraux, note auprès de la Radio Télévision Belge que « la nouvelle législation, le Digital Services Act permet de demander des comptes à Elon Musk, notamment, en termes de modération de contenu et pour s’assurer que les algorithmes ne soient pas manipulés à des fins politiques ».
Le Parlement européen a pris conscience du problème : il vient de se doter d’une Commission nommée « bouclier européen de la démocratie », contre les ingérences étrangères. Présidée par la française Nathalie Loiseau, elle se penchera évidemment sur X. Les législatives allemandes du 23 février seront son examen de passage…