Donald Trump persiste, signe et en rajoute : si le Hamas ne rend pas tous les otages d’ici samedi midi, il appellera à l’annulation du cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à ce « que l’enfer éclate ». Il propose d’acheter Gaza, de reconstruire sans les Gazaouis qui ne pourraient jamais revenir. Netanyahou, lui, voit un Etat palestinien en Arabie Saoudite car « ils ont beaucoup de place là-bas ». Ou peut-être dans le Néguev…
Comment est-il possible de tenir de tels propos, au-delà de la raison ? Hubris, sentiment de puissance, soif de vengeance. Trump et Netanyahou sont déconnectés de la réalité et à leurs yeux, les Palestiniens sont des nuisibles, des intrus qu’il faut écarter. Même les mots perdent leur sens, un accord n’a plus de valeur ; et « Bibi », qui ne pense qu’à sa survie, affirme sans vergogne « traverser un enfer depuis huit ans » du fait de son procès pour corruption et abus de pouvoir… Et à Washington, il a offert à Trump deux bipeurs, dont un doré. Pour rappeler qu’il ira jusqu’au bout, sans faiblir ?
La force et aussi l’argent. Ce mardi, le président américain reçoit le roi Abdallah II de Jordanie. Ce dernier refuse d’accueillir des Gazaouis et devrait le prévenir que son plan risquerait d’entraîner le chaos dans la région et de menacer la survie même d’Israël. Cèdera-t-il malgré tout ? Trump menace de couper les aides. Amman reçoit environ 1,45 milliard de dollars par an de soutien militaire et économique. Pareil pour l’Egypte.
Les errements, fantasmes ou illusions du tandem américano-israélien ne dédouanent pas pour autant le Hamas de toute responsabilité. Les otages constituent son seul atout et il le fait durer le plus possible, sans humanité non plus, le temps de se reconstruire, de garder le contrôle de la population qui surnomme « drones » les nouvelles recrues de Mohammed Sinouar en raison de leur violence, à l’instar des drones israéliens.
Donald Trump menace mais n’assume pas : il parle de manière « personnelle » (pas présidentielle ?) et, dit-il, la décision n’appartient qu’à Israël. Tel Aviv a les mains libres. Alors, la Cisjordanie comme Gaza ?
Il faut aussi, dans ce sombre panorama, prendre en compte le fait que l’Etat hébreu est moins isolé qu’on ne le croit. Pour une bonne partie du monde arabe, le Hamas proxy de l’Iran, les islamistes sont un repoussoir, une menace qu’il faut vaincre.
Une conjoncture complexe.