Il avait affirmé qu’il arrêterait la guerre en Ukraine en 24 heures avant de se raviser et de donner 100 jours à son émissaire, à l’époque le général Keith Kellogg. Ce qui fixe la date limite à fin avril-début mai. Aujourd’hui, c’est le flou, la confusion. Après ses entretiens à Paris avec les Européens et les Ukrainiens, son secrétaire d’Etat Marco Rubio a soufflé le froid en déclarant que « Nous devons déterminer dans les prochains jours si [la paix] est faisable ou non ». Il ajoutait que « les Etats-Unis ont d’autres priorités ». Quelques heures plus tard, à Rome, le vice -président JD Vance soufflait le chaud en se disant « optimiste » sur les négociations en cours. Le soir, le président alternait le chaud et le froid : les Etats-Unis passeront à autre chose « très bientôt » si un accord n’est pas conclu, mais il estimait avoir « une bonne chance de résoudre ce conflit ».
Un jeu de pressions ou une marque d’incompétence ? Donald Trump est un homme versatile , « winner » autant que « looser », prêt à passer à autre chose si on lui résiste. En novembre 2016, The New York Times, repris par Courrier International, soulignait « l’effrayante versatilité du personnage, prêt à déclarer tout le contraire de ce qu’il a défendu dans sa campagne et faisant de son ignorance une vertu ». Il reconnaissait notamment que le changement climatique est lié à l’activité humaine, et que le New York Times était un “grand, très grand joyau de l’Amérique”. Quelques jours plus tôt, avant son élection, il dénonçait le changement climatique comme une « supercherie» et décrivait le quotidien comme “défaillant”.
Fin mars, Vanity Fair revenait sur le comportement de Trump dans « The Apprentice », le jeu télévisé qui l’a fait connaître des Américains : « Trump se montrait souvent d’humeur assez versatile, comme un enfant de deux ans qui change du tout au tout si le dîner est servi avec la mauvaise cuillère. Il n’a jamais aimé être épaté par les gens, il fait mine d’écouter et se contente de hocher la tête quand on argumente. Toute expression de vulnérabilité, d’ambivalence ou de recul suscitait sa colère. Dans presque chaque épisode, on l’entend dire « comment pouvez-vous être aussi stupide ? » Le culte de sa propre image et le mépris des autres sont les deux mamelles de sa personnalité télévisuelle ».
Le 21 février dernier, Le Monde donnait la parole à Jennifer Mercieca, professeure à l’université Texas A&M, qui analysait le discours et les mots de Donald Trump : « Il excelle à produire du contenu pour les médias, à attirer notre attention par le scandale, par des insultes, par des menaces, par une grande proclamation ou un communiqué. Ce qui importe est de nourrir le spectacle quotidien. Trump assure un spectacle télévisé pour le public américain. Il utilise de nombreuses stratégies connues. Il entretient le chaos et le suspense. Vous ne saurez pas ce qui se passera au terme de l’épisode, revenez demain pour connaître la suite ».
En attendant, des Ukrainiens meurent toujours sous les bombes russes et le showman de la Maison Blanche espère toujours s’approprier les terres rares de l’Ukraine et signer des accords avec Moscou.
Le flou, la confusion… Demain sera un autre jour…