Aujourd’hui, 27 mars, Journée mondiale du théâtre.
Bien avant l’indépendance, cet art dit Quatrième, avait déjà, sous l’influence européenne et quelques artistes arabes venues du Machrek pris sa place dans la vie culturelle, apportant une remarquable contribution à la conscientisation des masses populaires quant à l’importance du combat contre l’occupant, et au-delà, contre I ’ignorance et l’ineptie.
Ainsi donc le théâtre, art étranger à la culture arabe, du moins sous la forme qu’on lui connaît nos jours, a-t-il été vite senti comme un art de combat, car exprimant, à la fois, une attitude, portant un discours et s’adressant directement et sans intermédiaire aux spectateurs.
Malgré la surveillance de l’œil soupçonneux des autorités politiques de la Tunisie indépendante, le théâtre connaitra un essor rapide grâce à la généralisation de l’enseignement public et l’apport de jeunes praticiens ayant fait leurs études en Europe.
Des expériences dans les régions et dans la capitale issues de cette effervescence des décennies soixante et soixante-dix ont pu s’affirmer et évoluer. On en citera notamment le Nouveau théâtre, le Théâtre de la terre,El teatro. Et des noms comme Jaibi, Driss, Ouergui, Jebabli, Mezzi, Rouached…Sans oublier ceux disparus qui apportèrent beaucoup à l’enrichissement et à popularisation de cet art des masses, parmi lesquels Ali Ben Ayed, Moncef Souissi, Ezzeddine Gannoun.
Mais toutes ces expériences et tous ces noms suffisent-t-ils à dire qu’on a aujourd’hui un théâtre tunisien qui occupe sa place dans la cité, qui produit des textes enrichissant notre langue- car c’est aussi là la fonction du théâtre-et qui attire les foules en remplissant les salles?
La réponse est non.Et même si certaines expériences peuvent être considérées comme qualitatives et évoluées , il n’en reste pas moins qu’elles demeurent rares , exceptionnelles presque.
À qui la faute? À l’Etat bien sûr qui n’a pas accompagné le développement des villes le laissant se faire sans accorder la place aux structures artistiques et culturelles. L’Etat qui n’as pris au sérieux la formation des praticiens du théâtre et qui négligé l’éducation artistique des jeunes en période de scolarisation. L’Etat qui n’a pas vu venir le développement de l’ogresse télévision et lui a laissé le champ libre pour marginaliser voire détruire tout ce que les pouvoirs culturels publics ont essayé de construire pendant une génération.
Alors, quel théâtre tunisien fêter en cette Journée mondiale du théâtre quand des villes entières n’ont pas encore de théâtre et leur population n’ont jamais vu une représentation théâtrale?