Kais Saied, Hichem Mechichichi, Rached Ghannouchi, Abir Moussi, Nabil Karoui …voici les noms qui font l’actualité politique tunisienne. Une liste hétéroclite où se côtoient des personnages à la carrière ante-révolution comme post révolution. Avec des positionnements politiques tout aussi diverses comme la négation de la dite révolution de Abir Moussi à la l’Islam démocratique de Rached Ghannouchi.
Pour autant, il semble que la dernière fois que nous ayons entendu parler de la gauche, remonte à l’agression commise à l’ARP d’un député Alkarama sur un député Attayar, où rappelons-le, Anouar Ben Chahed avait reçu de nombreux coups. Une scène condamnable et condamnée mais qui est à l’image de cette tranche politique. K.O.
En effet, la gauche avait tout : une idéologie qui a dominé la moitié du monde durant le XXème siècle, un héritage colonial français mettant au cœur de la nation l’Etat providence, des personnes qui se sont opposé au régime de Bourguiba comme à celui de Ben Ali, une révolution, deux assassinats politiques, une crise économique et sociale, des meilleurs ennemis… bref elle avait tout. Malgré toutes ses opportunités, elle n’est pas même une force d’opposition crédible à elle seule, constamment reléguée à n’être qu’un régiment de plus.
Mais où s’est-elle ratée ?
Dans un premier temps, probablement dans le choix de l’idéologie, sans vouloir refaire l’Histoire, il serait pertinent de s’interroger sur le degré de l’intimité de la thèse marxiste avec un peuple à la religiosité historique mais aussi de commerçants et d’agriculteurs dans un monde où le marché est Roi.
Dans un second temps, qui est la gauche ? Hamma Hamami ? Samia Abbou ? Zied Lakhdhar ? Une éternelle guerre des chefs qui paralyse l’action politique et sociale dont ce pays a tellement besoin.
Ensuite, comme le dit si bien l’adage « qui va à la chasse perd sa place », aussi les concurrents à la gauche sur son « terrain de l’anti-islamisme » ne manquent pas. Notamment Abir Moussi première force contestataire à Ennahdha, Al Karama et à peu près tout… Qui rafle la place.
En outre, la gauche semble menacée sur son propre terrain par son propre terrain et ce par le biais de l’action syndicale. L’UGTT qui devrait être une force supplémentaire à la gauche, une force dissuasive, de rassemblement, de protestation, semble devenir depuis quelques années suite aux deux mandats (et peut être un troisième ?) de Noureddine Taboubi LE leader politique de la gauche. C’est bien connu, on est jamais mieux trahi que par les siens, vous demanderez à Youssef Chahed.
En somme la gauche a du pain sur la planche, pour reprendre la place qu’elle mérite dans ce pays qui a besoin d’une action sociale forte avec à cœur des thèmes comme la santé, l’école, le chômage, l’isolement rural… Mais il semble pour se faire qu’il est temps de mettre au placard les doctrines Maoïste et Trotskiste d’un temps productiviste et dictatorial révolu pour s’ouvrir à une nouvelle gauche plus sociale et j’ose le mot : environnementaliste.