« Nous allons aider le football à tous les niveaux pour l’amener à occuper la place qu’il mérite. Le football est le seul sport global et le seul à compter 4 milliards de fans et notre responsabilité, en tant que grands clubs, est de satisfaire les attentes des supporters », a déclaré Florentino Perez, président du Real Madrid et premier président de la Super League dont la création a été annoncée la nuit dernière. De quoi parle l’Espagnol? Satisfaire les supporters, les fans? Baliverne et calembredaine qui ne trompent pas cet ancien international anglais qui affirme avec raison que « le foot est le sport de la classe ouvrière » qui a déjà du mal à acheter un billet dont le prix ne cesse de monter. Ou cet autre qui dénonce un « projet criminel ». Et ces matchs de riches, combien faudra-t-il payer pour les voir à la télé? Regarder ce qui existe nécessite déjà plusieurs abonnements, une cinquantaine d’euros par mois… Cette super League est « un crachat à la figure de tous les amoureux du football » s’énerve Alexander Cévérin, le patron de l’UEFA, qui veut bannir les joueurs qui disputeront cette super League: pas de coupe d’Europe, pas de coupe du monde, pas de sélection en équipe nationale.
Du foot ou du fric? Du fric d’autant que la Banque JP Morgan, peu susceptible de faire des cadeaux, a annoncé qu’elle financerait le projet, qu’elle mettrait au pot. Pour aider les douze clubs déjà sur les rangs à sortir les 350 millions d’euros, prix de leur participation et gage de futurs bénéfices? Ces douze, que certains n’hésitent pas à appeler les douze salopards sont six anglais – Arsenal, Chelsea, Liverpool, Tottenham, Manchester United et Manchester City- trois espagnols -Real de Madrid, Atlético de Madrid et FC Barcelone- et trois italiens -Juventus de Turin, Milan AC et Inter de Milan.
Mais ce projet verra-t-il le jour? Ses promoteurs aimeraient débuter dès le mois d’août et désigner le vainqueur qui aura joué 25 matches. Oui, mais il manque trois clubs car cette ligue des riches est conçue pour vingt clubs, quinze « fondateurs » et cinq invités. Le compte n’y est pas et le président barcelonais n’est pas chaud, préférerait d’autres formules.
Et les joueurs? Devront-ils choisir, renoncer à porter le maillot de leur pays? Pas sûr que l’UEFA puisse l’interdire, il y a des lois sur le travail… mais quand même. Et les clubs? Valence lance la révolte. Et les politiques? Boris Johnson juge que la super League est « très dommageable pour le football », Macron est contre, tout comme une vice-présidente de la Commission européenne…
Sans les « supposés » grands, le Bayern de Munich et le PSG domineraient la Ligue des champions et sa nouvelle formule à 36 clubs révélée aujourd’hui par l’UEFA. Mais aurait-elle la même saveur? Non. Alors que le foot reste uni dans un même goût et refuse de ne penser qu’au fric.