Un énième attentat a touché la France, le 23 avril dernier, tuant ainsi une fonctionnaire de police et laissant orphelins deux enfants.
L’auteur de cet attentat est un concitoyen résidant en France depuis 2009, par ce geste barbare il jette honte et discrédit sur les tunisiens à l’étranger, mais aussi sur notre nation qui avait tant de fois donné l’exemple dans un monde arabo-musulmans en proie à la violence …
Sans m’étendre sur les raisons de tels effets, il est clair que l’Islam continue à faire peur. Une spiritualité qui concerne 1,8 milliards de fidèles ne serait rien d’autre que barbaries en tout genre dans l’imaginaire collectif. En langue française, les termes « islamiste » et « islamisme » véhicule déjà la doctrine extrémiste. Nous faisons donc l’exception car à ma connaissance il n’existe pas de termes équivalents pour d’autres spiritualité : vous connaissez un « christianiste » ou un « juifiste » ?
Pour autant nous avons tenté, nous tunisiens, d’éviter cette vague d’obscurantisme qui touche le monde musulman. Après la révolution de 2011, quand la radicalisation prenait en otage la pauvreté, la faim, l’ignorance nous lui avons donné sa voix politique, elle est devenue une force, une pensée et a pris place dans le jeu démocratique et est aujourd’hui installée sur la scène politique dans le respect des lois républicaines.
Il semble que seule, la réponse politique ne soit pas suffisante.
Parallèlement, un vent de féminisme a soufflé sur ce monde patriarcal, dans le domaine des arts tout d’abord s’étendant à d’autres par la suite. Si encore beaucoup de travail reste à faire pour garantir une égalité des droits sur la matrice des inégalités, à savoir l’inégalité homme-femme, une entité n’a pas été épargnée : les spiritualités.
L’Église s’ouvre aux femmes, le pape François leur octroyant le droit aux fonctions liturgiques, le judaïsme ne compte plus ses rabbins femmes mais et nous ? Nous la « religion sans clergé » ?
Et bien nous aussi nous avons des femmes imames, trois plus précisément, elles se nomment Kahina Bouhlel, Anne-Sophie Monsinay et Eva Janadin.
C’est une bonne nouvelle, une grande nouvelle, une nouvelle qui appelle à la réflexion, aux questions, aux remises en question et surtout à un renouvellement de l’esprit islamique.
La France, État laïque depuis 1905 a très mal géré l’installation des populations musulmanes, refusant d’intervenir dans le cadre de sa loi, laissant ainsi gangrené l’intégrisme qui s’était greffé aux flux migratoires et qui s’était épanouie dans la précarité des banlieues
Le dilemme de la France est cornélien: comment protéger une population meurtrie, traumatisée par d’autres attentats sans renier ses institutions et ce qui a fait la France ?
Il semble que la réponse s’amène elle-même car ces trois imams qui semble n’être qu’une goutte d’eau dans un océan peuvent être La solution a un Islam de France qui n’arrive pas à se conceptualiser.
En effet, sociologiquement les minorités ont fait les changements dans l’Histoire, et ces trois femmes au discours moderniste pourraient être l’une des clefs à un Islam définitivement républicain.