Selon la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, une sorte de « Giec pour la biodiversité », 75% de l’environnement terrestre et 60% du milieu marin ont été modifiés par les activités humaines. Un million d’espèces animales et végétales, sur huit, sont menacées et le nombre de vertébrés sauvages a chuté de 73%. Des chiffres qui font peur et qu’il faut corriger.
En décembre 2022, 195 pays, qui ont ratifié la convention des Nations unies sur la biodiversité ,ont adopté le pacte de Kunming-Montréal qui fixe des objectifs de protection de la nature. Les Etats-Unis, non signataires de la convention, les partagent. Il s’agit de protéger 30% des terres et des mers, de restaurer 30% des écosystèmes dégradés , de réduire de moitié l’utilisation des pesticides. Actuellement, environ 17 % des terres et 8 % des zones maritimes sont placées sous cette protection.
L’accord prévoyait aussi de supprimer progressivement les subventions qui nuisent à la biodiversité à hauteur d’au moins 500 milliards de dollars par an. D’autre part, le montant des flux financiers venant des pays développés vers les pays en voie de développement devait doubler d’ici à 2025 à au moins 20 milliards de dollars par an, et tripler en 2030 pour atteindre 30 milliards.
Depuis ce lundi, en Colombie, à Cali, la COP 16 va se pencher sur la mise en œuvre de ce pacte, tenter d’arrêter et d’inverser le déclin de la biodiversité.
Dans un message, le secrétaire général de l’ONU a demandé des investissements « significatifs » pour sauver la nature. Comme lors de toutes les conférences des parties, qu’elles concernent le climat ou la biodiversité, le problème sera, jusqu’au 1er novembre, de transformer les promesses en actes. A l’ouverture de la COP, seulement 29 pays avaient soumis une « stratégie complète biodiversité » et 91 simplement des cibles nationales. De plus, le Fonds mondial pour l’environnement qui gère les flux financiers n’avait engrangé que 400 millions de dollars.
Quelque 10 000 policiers et militaires sont mobilisés pour sécuriser cette COP16 qui pourrait être menacée par le groupe armé EMC (Etat-major central) dissident des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). En août, il avait annoncé une trêve, mais l’armée a attaqué une de ses bases et , le 12 octobre, l’EMC a enjoint « aux délégués de la communauté nationale et internationale de s’abstenir d’assister à cet événement », promettant un « fiasco ». Le président colombien Gustavo Petro a garanti « la sécurité » mais reconnu que « nous sommes tous nerveux, afin que rien de grave ne se produise, car il s’agit du plus grand événement que la Colombie ait jamais organisé . La COP, a-t-il ajouté, présentera « une vitrine de violence et de mort ou des plus belles choses de la Colombie ».
Présidente de la COP, la ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, d’origine palestinienne, estime que « la question environnementale est devenue une dimension centrale dans la consolidation de la paix. ». Elle souhaite que cette COP fasse « la paix avec la nature ».