Théoriquement, l’Etat de Palestine existe depuis la résolution de l’Assemblée générale de 1947 qui avait partagé la Palestine sous mandat en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et une zone internationale autour de Jérusalem. Les pays arabes avaient refusé, une guerre s’en était suivie et seul l’Etat d’Israël avait vu le jour. Depuis, la question apparaît insoluble et les différentes guerres, comme les accords non respectés, ont encore creusé le fossé. Trop profond pour être comblé ?
Ce mardi, l’Assemblée générale de l’ONU a décidé de convoquer pour le mois de juin à New York une « conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de la Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux Etats », qui sera coprésidée par la France et l’Arabie saoudite.
L’Assemblée réclame que « les droits inaliénables du peuple palestinien, au premier rang desquels viennent le droit à l’autodétermination et le droit de créer un Etat indépendant, soient réalisés » et appelle les parties à « agir de façon responsable » afin d’inverser « les tendances négatives, y compris toutes les mesures prises sur le terrain qui contreviennent au droit international ».
En mai, l’ AG s’était prononcée en faveur de l’admission de l’Etat de Palestine en tant que membre de plein droit. Aujourd’hui, 147 des 193 pays membres reconnaissent l’Etat palestinien, mais il faut bien voir que ces résolutions, ces reconnaissances sont surtout, sinon seulement, symboliques car, dans les faits, sur le terrain cela ne change rien : plus de 44 500 morts dans une bande Gaza détruite, une Cisjordanie occupée de plus en plus en souffrance. Sans parler du Liban.
Convoquer une conférence, réaffirmer les droits inaliénables des Palestiniens ne peut que susciter des réactions favorables . L’essentiel, l’urgent sont pourtant ailleurs : tout doit être fait pour arrêter au plus vite les frappes mortelles, les destructions. Or, Netanyahou, l’extrémiste, n’en prend pas le chemin. Au contraire. Il voudrait vider Gaza et annexer la Cisjordanie. A Washington, Biden qui a fait voter contre la résolution, tente de le freiner sans aucun empressement et on ne sait quelle sera l’attitude de Trump qui, même encore plus pro-israélien que son futur prédécesseur, rêve de prolonger les accords d’Abraham avec une entente Arabie saoudite-Etat hébreu. MBS est d’accord mais réclame la création d’un Etat palestinien…
L’autre co-président de la conférence, Emmanuel Macron, répète qu’il est favorable à la création d’un tel Etat, mais « au moment utile, [c’est-à-dire] où ça déclenche des mouvements réciproques de reconnaissance ». Comment convaincre Netanyahou de négocier, que la paix est la meilleure et seule garantie de sécurité pour son pays. Il persiste à penser que la solution est dans la force brutale…
Cette paix qui mènerait à un Etat palestinien qui doit être viable – autre problème- ne peut venir que de négociations directes entre les deux camps débarrassés de leurs jusqu’auboutistes.
Si l’ONU affiche de bonnes intentions, elle reste impuissante…