« Les deux continents sont liés. Si l’Afrique ne réussit pas, l’Europe échouera, les nationalismes triompheront, les conflits migratoires se multiplieront et les herses se redresseront », a affirmé le président français à la veille du sommet Union européenne-Union africaine. A Bruxelles, on a entendu de part et d’autre une belle formule qui peut devenir vraie : l’Afrique est le continent de l’avenir qui apportera des solutions. Et la déclaration finale souligne « le partenariat renouvelé pour la solidarité » entre les deux continents.
Le président Kais Saïed a apporté la note singulière qui est sa marque de fabrique : que l’Europe rende l’argent volé à l’Afrique, ses richesses pillées, que toutes les parties soient à égalité. Son obsession affirmée et posée devant ses pairs, il a reconnu que « nous entamons aujourd’hui une nouvelle étape de l’histoire qui requiert de nouvelles visions ». S’il n’a pas forcément tort, ce genre de déclaration est loin d’être nouvelle. Les Africains, les Européens, les Français, de La Baule (juin 1990) à Ouagadougou (novembre 2017), ont prononcé de beaux discours qui n’ont pas changé beaucoup les choses. Les Africains en ont conscience et, rendus critiques et méfiants, ont imposé aux Européens un comité de suivi de réalisation des objectifs et promesses définis à Bruxelles. On peut espérer que cette fois, en raison notamment de la concurrence chinoise, russe et turque notamment, l’UE sera plus attentive à l’Afrique et que les vaccins, les fonds nécessaires pour vacciner et monter les usines à vaccins, dont une en Tunisie seront bien au rendez-vous annoncé. Et que les 150 milliards dédiés à des investissements dans le domaine de la santé, de l’éducation et des transitions énergétique et numérique serviront des projets bien étudiés. Plus délicat sera le transfert de droits de tirages spéciaux au FMI à hauteur de 100 milliards car les 27 ne sont pas tous d’accord.
Relation d’égal à égal, partenaires, oui mais l’Afrique a encore besoin d’aide pour aller mieux, au moins le double de ce que l’Europe propose. Dette, insécurité, développement… Et aussi, il faut le dire et insister, d’une meilleure gouvernance. La dégradation de la situation des pays africains relevée par le président Saied est due en grande partie aux dirigeants qui ont vraiment volé leurs citoyens et privé la jeunesse des chances qu’elle mérite. Cette nombreuse jeunesse et la chance et aussi le péril de l’Afrique.