« À chaque fois qu’on a essayé de s’attaquer à l’Algérie, elle a répondu avec fierté et orgueil par son histoire plusieurs fois millénaire. On a côtoyé les pharaons et on a croisé le fer avec Rome. C’est de cette histoire plurielle qu’elle tire toute sa force et surtout sa résilience face aux tempêtes qui la font chavirer » écrivait Brahim Takheroubt il y deux jours dans son éditorial du quotidien L’Expression. Il ne parlait pas de football, du championnat d’Afrique des nations qui débute ce vendredi en Algérie. A l’aéroport de Rabat, les joueurs marocains – des jeunes de moins des 23 ans- étaient prêts à monter dans l’avion de la Royal Air Maroc à destination de Constantine. Ils ont dû rentrer chez eux et ranger leurs crampons car Alger refuse tout avion marocain. Et on en revient à l’éditorial : le royaume chérifien fait partie de ceux qui déclenchent des tempêtes pour faire chavirer l’Algérie.
Pas question de négocier ni d’accepter une médiation, a affirmé récemment au Figaro le président Tebboune. Un ennemi depuis 1963… Il fallait « rompre tout contact afin de ne pas faire la guerre »… L’orgueil mal placé de vieux généraux et dirigeants qui visent leur survie, le maintien de leur domination plus que le développement du pays et le bien-être de ses citoyens. Une jeunesse sacrifiée. Toute voix critique est écartée. La presse, pour exister, ne peut que louer le pouvoir et le pays. Rien n’est au-dessus de l’Algérie. Et on tombe une fois de plus dans le ridicule alimenté par la presse des deux pays. On se souvient du maillot de l’équipe d’Algérie inspiré du zellige, du raï, du couscous, des dattes, de la confrérie Tijaniyya… Et bien sûr du Sahara, du Polisario, un conflit inventé et entretenu par les généraux revanchards algériens.
De l’autre côté de la frontière, il n’est pas question non plus de plier. Et le royaume sait aussi fort bien manier la répression. Résultat : un énorme gâchis qui perturbe, coûte cher et empêche le Maghreb d’aller de l’avant.
Jusqu’où ces rivalités stupides, ces querelles d’ego peuvent-elles mener. Une guerre née d’incidents, provoquée par le Polisario aux ordres des vieilles badernes algériennes ? On ne peut l’exclure même si le président français n’y croit pas comme il l’a confié à Kamel Daoud pouf Le Point : « Je ne veux pas le croire, le penser. Parce que ni l’Algérie ni le Maroc ne sont des puissances irrationnelles ». On peut en douter avec ce nouvel épisode bien peu glorieux…