Pas de commentaires. A Jérusalem, le ministre extrémiste Ben Gvir, qui a évoqué l’attaque en la trouvant « minable », s’est fait remonter les bretelles. A Téhéran, le président Raïssi a prononcé un discours sans dire un mot sur l’attaque. Mais qui donc, à part l’Etat hébreu aurait pu frapper du côté d’Ispahan ? Pourquoi ce silence ?
En affirmant que les drones -on ne parle pas de missiles- ne venaient pas de l’étranger, les autorités iraniennes cherchent à rassurer une population de plus en plus contestatrice et révoltée. Elles préfèrent reconnaître qu’il existe des menaces intérieures… Le message implicite que les ayatollahs veulent faire passer aux Iraniens est : vous êtes protégés, nul n’a percé notre système de défense. Téhéran minimise pour ne pas avouer sa vulnérabilité…
Comme à son habitude, Israël ne revendique pas, mais sa riposte a valeur d’avertissement, de mise en garde. En menant une attaque limitée, peut-être avec des missiles lancés par des avions, l’Etat hébreu montre qu’il peut frapper fort quand il le désire, que les Gardiens de la révolution sont incapables de les arrêter.
Le but d’Israël, surtout celui de Netanyahou, est d’affirmer sa force, sa supériorité sur tous ses voisins. Et de rappeler que l’ennemi numéro un aussi bien de l’Occident que du monde arabe sunnite est l’Iran qui accélère sa marche vers l’arme nucléaire et assurerait sa souveraineté. Depuis le raid raté de samedi dernier, l’Etat hébreu sait que les Etats-Unis et les Européens ne le lâcheront pas face au pays des mollahs. Ce qui lui autorise une certaine marge de manœuvre.
Cependant aucun des deux ennemis ne souhaite une escalade qui irait forcément à l’encontre de leurs intérêts. Une étincelle, venue des proxys de l’Iran, qui provoquerait une explosion reste toujours possible, mais un relatif apaisement est davantage probable. En niant une attaque israélienne, Téhéran n’a pas à mener les terribles représailles promises…
Alors, un match nul avec quand même avantage à Israël ? Peut-être, mais il y a des perdants. D’abord les Palestiniens dont le sort et l’avenir passent au second plan même si le G7 dénonce la catastrophe de Gaza. Et ensuite les Ukrainiens qui voient l’aide américaine partir vers Israël en les privant d’obus pour riposter aux frappes russes.