Même si le changement des intitulés des ministères fait d’abord le bonheur des imprimeurs, comme le disait un humoriste français, celui opéré par Hichem Mechichi, Président du gouvernement sur certains départements, fait sens. C’est logiquement que l’on retrouve ainsi jumelés de nouveau le secteur des sports avec celui de la jeunesse, comme cela a été toujours le cas depuis des décennies. Même chose , d’ailleurs, pour le « Ministère de la formation professionnelle et du travail »que l’on a toujours connu sous cette appellation.
Mais il n’y a pas que du sens dans dans le changement des intitulés des ministères. Il y a une signification qui ne fait de doute quant à la la volonté du locataire de la kasbah de se prendre en main et d’assumer ses responsabilités, par ailleurs, immenses tel qu’énoncé dans la Constitution. Assumer ses responsabilités, veut dire aussi ne pas laisser empiéter sur ses prérogatives. C’est indissociable.
Et Mechichi sait que ce serait lui qui serait demain comptable du succès ou de l’échec de l’action gouvernementale, et que ce serait lui qui en porterait seul la responsabilité.
Aussi cette restructuration a-t-elle d’abord la valeur d’un geste d’auto-affirmation et d’autodéfense à l’égard de Kaïs Saïd qui ne cache pas son désir de mettre la main sur le pouvoir, tout le pouvoir, en se rêvant le Président d’une Tunisie replacée sous le régime présidentiel.
C’est pourquoi Mechichi avance ses pions mais prudemment et sans oublier que le Président de la république a son pré carré de pouvoir intouchable. Tenez: voilà un attelage bizarre celui-là qui réunit le département des Affaires étrangères avec celui des Tunisiens à l’étranger. Le premier est éminemment politique et tourné vers l’extérieur, alors le second est tourné vers l’intérieur et est fondamentalement social.Sans doute que Mechichi aurait aimé restructurer cet énorme ministère, mais ce aurait été risquer d’offusquer un Président jaloux de ses attributions.
Quoique qu’il en soit Hichem Mechichi, en remodelant son gouvernement, prouve qu’il a du courage, de la cohérence dans les idées et peut-être même une vision. Il sait cependant que cela compte peu dans son grand oral d’aujourd’hui face à des députés soucieux surtout de leurs intérêts partisans. Mais il aura au moins démontré qu’il a le mérite d’y croire et d’oser.