La leçon d’histoire donnée par le président français au Premier ministre israélien, est contestable sur le plan historique car si la résolution onusienne 181 jette les bases d’un partage de la Palestine pouvant conduire à deux Etats, c’est bien la victoire sur les armées arabes qui fonde la création de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. Le rappel de Macron, bien peu diplomatique, ne constitue pas une distorsion historique mais traduit l’énervement du Français de voir l’israélien continuer dans sa voie guerrière en rejetant avec mépris tous les appels à la modération.
La réponse de Netanyahou, invitant Emmanuel Macron à se souvenir de Vichy, prouve, s’il le fallait encore, qu’il ne connaît que la force pour arriver à son but de dominer toute la « terre d’Israël ». Depuis qu’il est entré en politique, il rêve d’ « eretz Israël » que Dieu a promis à Abraham dans la genèse.
En 1993, il s’est élevé contre les accords d’Oslo et a mené campagne contre Itzhak Rabin, incitant même à une haine qui a contribué à conduire à son assassinat en 1995. En octobre 2022, la dirigeante du parti travailliste Merav Michaeli a affirmé que « l’assassinat d’ Itzhak Rabin était un geste politique qui a été commis avec la coopération de Benyamin Netanyahou et d’Itamar Ben Gvir qui se vantait à l’époque d’avoir volé l’emblème de sa Cadillac ».
En arrivant au pouvoir en 1996, « Bibi » a accéléré la colonisation de la Cisjordanie et, au fil du temps, a favorisé à Gaza le Hamas afin de diviser les Palestiniens, d’empêcher la création de leur État. Bien sûr, et c’est aussi l’Histoire, l’Iran, les Etats arabes et des groupes palestiniens ont, eux aussi, choisi la carte de la violence dans le but de faire disparaître l’autre, « l’usurpateur »…
Aujourd’hui, le Premier ministre de l’Etat hébreu, qui a réduit drastiquement l’aide humanitaire à Gaza, entend aussi détruire l’UNWRA par des moyens législatifs et militaires. La « destruction de l’Unrwa » est un « but de guerre » pour Israël, a affirmé son patron Philippe Lazzarini le 9 octobre devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Ne comptant que sur la victoire militaire, Netanyahou rejette toute solution politique car elle laisserait à « l’ennemi » la possibilité de reconstituer ses forces pour une guerre perpétuelle. Il faut arriver à la destruction, à la soumission qui mettra fin à la question palestinienne… Impossible à entendre. A défaut de moyens d’action, Emmanuel Macron a le mérite de parler. Certains espèrent qu’après le 5 novembre, les Américains useront de véritables pressions…
En attendant, on peut conseiller à Netanyahou de se pencher sur la Finul. Elle n’a aucun mandat « exécutoire » et son rôle n’a jamais été de s’opposer au Hezbollah par la force pour l’obliger à respecter la décision 1701. Israël également l’a violé.