Dans son premier discours de politique étrangère, Joe Biden a confirmé ses propos de campagne, à savoir qu’il allait rompre avec les pratiques trumpiennes et revenir au multilatéralisme, à une diplomatie fondée sur les « alliances » et les « valeurs ». « L’Amérique est de retour », une autre Amérique qui affirme qu’au Yémen « la guerre doit cesser », une guerre imposée depuis 2015 et ratée par le prince héritier saoudien Salmane Ben Salmane, une guerre qui a provoqué « une catastrophe humanitaire et stratégique », des famines et des millions de déplacés. Les Etats-Unis cessent de soutenir les opérations militaires saoudiennes contre les rebelles Houthis appuyés par l’Iran., ne fournissent plus à Riyad de munitions dites de précision et nomment un émissaire, Timothy Lenderking, spécialiste du Proche Orient, qui devra élaborer une solution diplomatique.
Le président Biden a toutefois précisé qu’il continuera à se tenir aux côtés de l’Arabie Saoudite dans sa lutte contre les terroristes d’Al Qaïda dans la péninsule arabique. un rapport de l’ONU rendu public hier indique que le leader de ce groupe, Khalid Batarfi, a été arrêté en octobre dernier au Yémen. AQPA attaquait aussi bien les forces gouvernementales que les rebelles. Riyad n’a pas commenté sa « mise sous surveillance » et s’est contenté de déclarer son soutien au gouvernement yéménite légal ainsi qu’à la recherche « d’une solution politique globale ». Riyad sait que l’aile gauche du parti démocrate pousse à une position plus ferme contre le Royaume en raison de ce conflit et de l’assassinat de Jamal Khashogghi le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.
Sur le terrain, les deux parties approuvent le discours de Biden et les Houthis se souviennent que le candidat avait promis de reconsidérer leur inscription sur sa liste des « organisations terroristes ». Toutefois, la paix apparaît encore lointaine et l’optimisme n’est pas de mise. Il se peut cependant que l’Iran, qui nie toujours fournir des armes aux Houthis, considère le discours comme un pas positif et commence à assouplir sa position à l’égard de Washington…
Le nouveau président américain a également changé le ton américain face à Moscou en lançant à l’adresse de Poutine: » Les jours où les Etats-Unis se sont écrasés devant la Russie sont terminés ». Et il a, de nouveau, réclamé la libération d’Alexei Navalny, encore jugé aujourd’hui.
Le Kremlin a dénoncé des propos « très agressifs, une rhétorique très agressive et pas constructive, nous le regrettons ». La Russie a d’autre part annoncé l’expulsion de diplomates européens, allemands, polonais et suédois, accusés d’avoir participé à des manifestations illégales de soutien à Navalny. Une décision « fermement condamnée » par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne en visite à Moscou.