Les Européens s’étaient réjouis de l’élection de Joe Biden qui promettait de revenir au multilatéralisme et d’être à l’écoute de ses alliés. Nombre d’observateurs mettaient en garde et prévenaient que le successeur de Trump ne serait pas un partenaire facile. Pas question d’oublier que tous les présidents américains se soumettent au même impératif : l’Amérique d’abord. Trump le criait simplement plus que les autres. Pour faire face à sa bête noire chinoise, Joe Biden ne recule, ne reculera devant rien. Peu importe s’il malmène un allié, en force un autre à accepter ce qu’il propose. En Juin, Paris en avait fait une première expérience : sans que l’on sache pourquoi, la Suisse avait renoncé aux Rafales français pour acheter des F-35 américains… Si, la France sait : Biden était à Genève.
L’Américain et ses alliés britannique et australien, pour faire passer la pilule de ces sous-marins, dressent des louanges à la France : un allié important avec lequel les Français ont tant de points communs, avec qui ils veulent travailler… Les Australiens ne sont pas forcément satisfaits de devoir s’équiper de sous-marins nucléaires -ils ne savent pas ce qu’est le nucléaire- et de perdre une certaine neutralité en se rangeant parmi les ennemis de la Chine. Mais l’offre est trop belle…
Quant à la France, elle est remise à sa place de puissance moyenne. La première sans doute derrière les « grands ». Elle a toutes les raisons d’être en colère, de se sentir trahie par ses alliés sans égard. Mais il y a une évidence : Paris n’a pas les moyens d’assurer la sécurité de la zone indo-pacifique qui est devenue le point le plus chaud du monde. Elle peut contribuer, pas mener. Aukus et le Quad pourraient lui proposer un strapontin, un lot de consolation car malgré ce « coup dans le dos », la France reste un allié qui compte, qui possède l’arme nucléaire et les moyens de la déployer.
Biden, en humiliant l’allié historique, a commis une faute. Entamé une nouvelle fois, après l’Afghanistan, la crédibilité de son pays, pense-ton en France