En octobre 1980, le Premier ministre français Raymond Barre déclenchait une polémique après l’attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic à Paris en se déclarant « plein d’indignation » à l’égard de cet attentat « odieux » « qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des « Français innocents qui traversaient la rue Copernic »…
Antony Blinken vient de commettre la même gaffe à Ramallah en exprimant sa tristesse après la mort de « Palestiniens innocents ». Il ne le pensait peut-être pas vraiment, mais il se rangeait du côté israélien qui faisait état des dix morts dont un civil à Jénine. Y aurait-il des morts justes qui valent moins que les autres ? Et des Palestiniens qui ne seraient pas civils même s’ils commettent des actes qualifiés de résistance par les uns, de terrorisme par les autres.
Le secrétaire d’Etat américain a lancé des appels au calme, a demandé des mesures de désescalade, d’arrêter la violence, de réduire les tensions. Il a rappelé l’attachement des Etats-Unis à une solution à deux Etats, répété sa condamnation de l’expansion des colonies sauvages. Il a regretté « un horizon d’espoir qui se rétrécit pour les Palestiniens. Ceci aussi, nous pensons, doit changer ». Des mots justes et bienvenus, mais également vides car sans traduction dans les faits. Il a affirmé le droit à la sécurité pour tous, mais sur le terrain, seuls les Israéliens possèdent ce droit. Et contrairement aux accords d’Oslo, ils interviennent comme ils veulent en zone A, les villes, sous compétence palestinienne. Qui, en Cisjordanie, dans les trois zones, protège les « civils » palestiniens ?
A l’issue de ses visites au Caire, à Jérusalem et à Ramallah, le secrétaire d’Etat a dit avoir « entendu des idées constructives sur des mesures concrètes qui peuvent être prises de chaque côté pour faire baisser la température, favoriser une plus grande coopération et renforcer la sécurité ». Il a ajouté que « nous ne nous faisons pas d’illusions sur le fait que les tensions accrues puissent être atténuées en une nuit, mais nous sommes prêts à soutenir les efforts »,
Un discours déjà entendu qui n’a amené aucun progrès. Au contraire. Et le nouveau gouvernement de Netanyahou, le plus anti palestinien de l’histoire, ne bougera que sous la pression. Une pression que les Etats-Unis ne veulent pas mettre. Ils regardent ailleurs, l’Ukraine, la Russie et surtout la Chine, défi majeur des prochaines années. La seule ambition américaine et occidentale est d’empêcher, si possible, que la situation ne dégénère pas….