Qu’elles condamnent ou non l’attaque iranienne sur Israël, les nombreuses réactions internationales présentent un point commun : elles appellent au calme, à la retenue et expriment leur crainte d’une escalade qui mènerait à un embrasement régional, voire plus, qui pourrait devenir incontrôlable.
Le plus sage serait donc d’en rester là à l’issue d’un « match gagnant-gagnant ». Téhéran se devait de réagir après la frappe imputée à Israël contre un bâtiment attenant à son ambassade en Syrie. Il en allait de leur crédibilité pour les ayatollahs qui devaient faire la démonstration de leur force et de leur détermination tant aux yeux des ennemis que des amis, les proxys comme le Hezbollah, le Hamas ou les Houthis. Mission accomplie avec l’attaque par drones et missiles la plus importante de l’histoire. Attaque accomplie « dans les règles », en conformité avec l’article 51 de la charte des Nations Unies qui prévoit « le droit naturel de légitime défense » et dont l’exercice doit être porté « immédiatement » à la connaissance du Conseil de sécurité. « La punition de l’agresseur s’est réalisée », l’incident est clos, affirme l’Iran qui, il faut le souligner, avait les moyens de frapper plus durement l’Etat hébreu. Mais, le pays des mollahs, affaibli par une contestation intérieure, veut éviter tout conflit direct avec Israël et surtout les Etats-Unis qui se tiendraient à ses côtés. Il sait qu’il ne ferait pas le poids. Une ligne de crête entre sa volonté de domination régionale, de démonstration de force, de préservation de ses futures capacités nucléaires et une nécessaire prudence pour éviter le pire qui anéantirait ses ambitions…
Alors, fin de l’alerte, désescalade ? C’est le conseil donné par Biden à Netanyahou qui n’en fait qu’à sa tête, se moque de l’ONU et des conseils de ses alliés. Le Premier ministre hébreu joue au « sauveur » d’Israël et sait que la guerre lui évite de finir, déchu, devant un tribunal. On le voit mal ne pas riposter. Comment ? Une action directe contre l’Iran apparaît improbable d’autant que Washington le priverait de l’aide du Norad, essentielle pour une telle expédition et la surveillance de l’espace aérien. Tel Aviv pourrait, ce qui est par ailleurs déjà envisagé, frapper davantage le Hezbollah et amplifier encore ses attaques à Gaza, en Syrie.
On peut également assister à la poursuite de la guerre « grise » et de ses cyberattaques. L’Iran, lui, peut bloquer le détroit d’Ormuz, ce qui provoquerait une flambée des cours du pétrole.
Ce « raid » massif iranien sur Israël a, au moins, une autre conséquence : le soutien affiché des Occidentaux aggrave la fracture entre ces derniers et le « sud global », même si il faut noter que la Jordanie a aidé son voisin et que ni l’Arabie saoudite ni les Emirats n’ont pris parti pour la nation chiite.
Ebrahim Raïssi a prévenu que « si le régime sioniste ou ses partisans » faisaient « preuve d’un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive et bien plus forte ». L’embrasement reste possible… Il est de la responsabilité de Washington, Moscou et Pékin, de la communauté internationale de casser l’engrenage…