En remaniant le Bureau politique d’Ennahdha, en ces temps particuliers que vit le pays suite aux décisions prises par le Président de la république le 25 juillet dernier, Rached Ghannouchi a voulu sans doute adresser des messages tant à l’adresse de son mouvement qu’envers ses adversaires politiques. Quels sont donc ces messages ?
En réduisant le nombre des membres du Bureau politique et en y introduisant de nouveaux visages dits du deuxième rang, Ghannouchi a-t-il voulu d’abord rappeler qu’il demeure le seul maitre à bord au sein de son parti malgré les voix qui se sont récemment élevées l’appelant à passer la main. Ghannouchi non seulement décide de réduire le nombre des membres du Bureau politique mais en change dans le même temps la composition, y faisant siéger des figures connues pour leur dévouement au chef fondateur mais aussi pour leur volonté de promouvoir des idées novatrices susceptibles de faire enrichir et progresser le capital idéologique du Mouvement.
Des figures relativement jeunes parmi lesquelles Wassila Zoghlami, Ajmi Lourimi ou Sofiène Guesmi, et qui vont siéger aux cotés des figures emblématiques tels que Ali Laraiedh, Noureddine B’hiri ou Noureddine Rabaoui dont l’effet escompté est de pousser l’appareil du mouvement vers une pratique plus ouverte de la politique et plus soucieuse de construire que de chercher à rester coûte que coûte au pouvoir.
Ce changement au sein du Bureau politique est plus important qu’il n’en a l’air et n’est pas fait uniquement pour donner à la principale structure décisionnelle du parti l’efficacité qui lui a manqué, mais de commencer un véritable travail de renouvellement qui réponde aux attentes des jeunes cadres du Mouvement -de se défaire de sa mentalité défensive qui le met dans une situation réactive- mais d’aller de l’avant et d’être dans l’offre et la proposition politiques, renforçant ainsi la dimension civile du parti. Ce changement au niveau du Bureau politique pourrait constituer un avant-goût de ce que seront les débats du futur congrès du Mouvement, s’accordent les observateurs.
Plus surprenante cependant est l’annonce de la Commission de gestion de crise politique présidée par Mohamed Goumani et où siègent des figures connues pour leur tendance au dialogue tels que Lourimi, encore, ou Ahmed Mechergui. Là encore Ghannouchi semble recourir à son habileté politique pour envoyer le message selon lequel Ennahdha reste ouvert au dialogue mais se prépare déjà aux prochaines élections si elles venaient à être décidées par le Président de la République.