Il s’agit d’un « moment de vérité » pour l’accord de Paris, a déclaré le président azerbaïdjanais de la COP 29 sur le climat, Moukhtar Babaïev, lors de son discours d’ouverture ce lundi à Bakou. « Nous sommes sur le chemin de la ruine. Et il ne s’agit pas de problèmes futurs. Le changement climatique est déjà là », a souligné celui qui est également ministre de l’Écologie de l’Azerbaïdjan.
Peu d’optimisme parmi les 51 000 participants accrédités à cette conférence de l’ONU. L’Ougandais Adonia Ayebare, président d’un bloc de négociations appelé G77+Chine, qui regroupe les pays en développement, prévient que les négociations de deux semaines seront difficiles. « Mettez de l’argent sur la table pour montrer votre leadership», a dit en écho, à l’adresse des Européens notamment, le négociateur des 45 pays les moins développés, Evans Njewa, du Malawi.
L’urgence est, en effet, bien là : « les précipitations et les inondations record, l’intensification rapide des cyclones tropicaux, la chaleur mortelle, la sécheresse implacable et les incendies catastrophiques que nous avons observés dans différentes régions du monde cette année sont malheureusement notre nouvelle réalité et un avant-goût du futur», souligne la secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale, l’OMM, Celeste Saulo, dans un communiqué.
L’accord de Paris, en 2015 , se donnait pour but de limiter à la fin du siècle le réchauffement à 2 degrés au-dessus des niveaux préindustriels et, si possible à ne pas dépasser les 1,5 degrés. Cette année 2024 sera la plus chaude jamais enregistrée et l’on en est déjà à + 1,54 degrés et même 1, 65 pour le mois d’octobre. Cependant, le « combat » n’est pas perdu car il faut considérer la moyenne sur 20 ans. Là, nous en sommes à un réchauffement de 1,3 degré.
L’enjeu principal de cette COP face à cette urgence de réagir pour préserver la planète sera de fixer le montant de l’aide climatique des Etats développés en faveur des Etats en développement pour qu’ils abandonnent les énergies fossiles et puissent affronter canicules et inondations. Les riches ont mis des années avant d’atteindre le but accepté dès 2009 de 100 milliards de dollars par an ( 116 en 2022 et, cette fois, le but visé est de 1000 milliards annuels à partir de 2025.
« Il faut (…) renoncer à l’idée que le financement de l’action climatique est une œuvre de charité », a de son côté estimé le patron de l’ONU Climat Simon Stiell dans son discours d’ouverture. « Un nouvel objectif ambitieux en matière de financement de l’action climatique est dans l’intérêt de chaque nation, y compris les plus grandes et les plus riches », a-t-il déclaré, appelant les pays à « montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort » mais qu’elle est « à la hauteur du moment ».
Les Européens ont promis de faire des efforts significatifs, mais c’ est plutôt dans l’austérité en ce moment avec de grosses difficultés en Allemagne et en France. Beaucoup réclament que la Chine et les pays du Golfe contribuent davantage.
Et, surtout, en arrière-plan, il y a ce retour de Donald Trump à la présidence américaine et sa volonté de se retirer à nouveau des accords de Paris. Des pays consentirons-ils à des progrès rapides et coûteux si les Etats-Unis « forent, forent, forent » comme l’a promis l’élu du 5 novembre ?
Comme les Etats-Unis, l’Azerbaïdjan pose problème: fallait-il organiser cette COP dans un pays dont le président assimile les énergies fossiles à un « don de Dieu » et emprisonne les écologistes ? Certes, la production de pétrole est en baisse constante, mais celle de gaz progresse, exportée principalement en Europe… Le président dictateur Ilham Aliev va d’ailleurs profiter de cette manifestation qui réunit le monde pour vanter les mérites du gaz comme carburant de transition.