Pourquoi refusons-nous de porter un masque ? C’est une question existentielle qui n’a de cesse de me turlupiner ! Quelles en sont les raisons valables ?
La première que j’ai pu noter est la sensation d’étouffement, qui, il est vrai est ressentie les premières fois … vous l’aurez donc compris : c’est une question d’habitude.
La deuxième raison la plus évoquée est tout simplement : la Covid 19 n’existe pas. Et oui, la mort de millions de personnes n’échappe pas au complotisme. La méfiance et le rejet de la science comme monopole du système de croyance remonte à bien des siècles. Quoi faire donc ? On pourrait imaginer une obligation de port du masque pour tous ces récalcitrants mais coup de théâtre. Une dernière raison est soulignée : la liberté.
Si bien chantée par Moustaki, si bien louée par les artistes, les philosophes et autres vagabonds de la pensée, celle –ci n‘en reste pas moins très mal ou alors très peu exercée par les Hommes. Est-ce une chimère ? Non mais celle-ci implique le bien commun qui lui-même implique un consensus parmi nous et généralement c’est là où nous –passez-moi l’expression- nous nous emmêlons les pinceaux ou plus précisément les masques. Parce que les masques, c’est vieux comme le monde ! D’abord accessoire religieux dans différentes ethnies d’Amérique du sud et d’Afrique puis accessoire artistique en Grèce ou Japon ou encore protecteur d’anonymat à la renaissance à Venise durant certains carnavals aux mœurs que très peu catholiques, sa fonction si elle n’a été de garantir la liberté chez l’homme, a toujours été d’accroitre ce que nous avons de plus humains en nous : notre visage. Or le monde change, nous avec et la liberté –liberté chérie – aussi.
Alors rappelons le, nous ne sommes pas à notre première polémique pour un risible morceau de tissu. Une image qui a marqué –d’une façon ou d’une autre- des générations de Tunisiens ? Bourguiba ôtant le voile d’une femme, on s’émancipait à la fois de la France mais aussi des traditions.
Toujours le voile, mais cette fois ci on le remet et sous une autre appellation « le tchador » :c’est la révolution islamique d’Iran de 1979. Ce tchador qui par ailleurs n’a cessé de reculer sur les chevelures iraniennes pour n’être aujourd’hui pas plus large qu’un… masque.
On doit attendre la fin des années 90 pour s’offusquer encore d’un autre morceau de tissu , même si il existe depuis des siècles chez certains peuples d’Amérique du sud , il n’est commercialisé en lingerie qu’à partir des années 70 et ne connait un réel essor que dans les années 90 : le string ! On se souvient tous de Sisquo et de sa fameuse « thong song », sorti en 1999, que l’on pourrait traduire approximativement « le son du string ». Cette simple ficelle a été très longtemps vectrice d’une libération sexuelle de la femme ou bien au contraire un avilissement de celle-ci.
Et depuis ! Ces étoffes n’ont cessé d’alimenter les sphères aussi bien médiatique que politique comme par exemple la loi contre le port du voile islamique à l’école en 2004 ou encore de la burqa voté en 2010 en France, jusqu’à actuellement notre très cher masque.
Après tant d’années à nous expliquer que notre identité passe par un visage découvert voilà qu’on nous impose de couvrir qui nous sommes dans une société ou l’image que nous affichons nous détermine presque.
Cependant, la liberté n’est pas une définition figée dans le temps, elle est contextuelle et surtout consensuelle, elle est là où le bien de tous réside. Peut-être moins coquette et aguicheuse mais belle et bien présente derrière ce masque.