Leader politique, il était déjà venu sur l’esplanade des mosquées – Mont du Temple pour les juifs- et avait promis d’y aller vite en tant que ministre. Sachant qu’une telle visite serait mal perçue, il avait fait croire qu’il attendrait mais hier matin, le ministre de la Sécurité intérieure, entouré de nombreux policiers et tout sourire, a ignoré toutes les mises en garde.
L’homme qui habite dans une colonie en Cisjordanie, condamné pour incitations à la haine raciale, entendait proclamer au monde entier : je suis chez moi, toute la Palestine est à moi, aux seuls Juifs et aucune opposition ne sera tolérée. Le nouveau ministre, suprémaciste juif, a déjà annoncé que la police avait désormais le droit de tirer à balles réelles sur les lanceurs de pierres. Les pierres, « arme » favorite des jeunes Palestiniens de Jérusalem farouchement attachés à l’esplanade des mosquées, mosquées que les partisans de Ben Gvir, le militants du troisième Temple, de plus en plus nombreux, aimeraient détruire pour construire à leur place ce troisième Temple.
Mardi matin, Itamar Ben Gvir, fauteur de troubles, a volontairement violé le statu quo sur les lieux saints imposé par Israël en 1967. Certes, les Juifs sont autorisés à certaines heures à se rendre sur le mont du Temple, pas à prier, mais cette visite ministérielle affirmant la propriété exclusivement juive ressemble bien à une remise en cause, même si Benjamin Netanyahou se dit attaché à ce statu quo.
Le Premier ministre a déclaré qu’il serait le seul et unique « décideur ». Peut-on le croire alors que Ben Gvir se comporte en activiste qui fait ce qu’il veut. Revenu au pouvoir grâce à ses extrémistes identitaires et religieux, « Bibi », dont le grand souci est d’échapper à une condamnation pour corruption et abus de pouvoir, cède à toutes leurs revendications.
Le président Herzog lui avait fait part de ses inquiétudes, le chef d’état-major sortant, Aviv Kochavi, de ses préoccupations. Son prédécesseur Yaïr Lapid avait déclaré que « des gens mourront si Ben Gvir se rend sur le mont du Temple ». Une de ses précédentes visites avait été un des éléments déclencheurs de la guerre de onze jours avec le Hamas en mai 2021. Le mouvement de résistance de Gaza a prévenu qu’il réagirait aux provocations. Le ramadan, dans moins de trois mois, pourrait connaître des violences. Ce qui ne déplairait pas aux Ben Gvir, Smotrich et Maoz, ces dangereux hommes qui entourent Netanyahou.
Si certains redoutent une nouvelle intifada, d’autres envisagent une guerre civile en Israël où il apparaît que des électeurs regrettent déjà leur vote et prennent peur. Si des élections se déroulaient aujourd’hui, Netanyahou n’aurait pas de majorité. L’opposition non plus. Israël divisé et ingouvernable tant que « Bibi » sera là ? C’est une autre question, mais sans lui, le pays dégagerait une majorité de droite « classique ».