Est-ce un effet pervers du capitalisme qui ne songe qu’au profit ou un effet de la démocratie actionnariale? Sur la sellette depuis plusieurs mois pour sa gouvernance jugée trop personnelle, Emmanuel Faber , PDG depuis 2017, avait dû le premier mars accepté de scinder ses fonctions de président directeur général, il restait président et devait nommer un directeur général. le conseil d’administration l’a pris de vitesse et l’a écarté dimanche pour porter Gilles Schnepp, ancien patron de Legrand, à la présidence, un gestionnaire rigoureux mais qui ne connaît pas l’agroalimentaire. La « guerre » anti Faber était menée par deux fonds « activistes » d’investissements, l’ Américain Artisan Partners le troisième actionnaire qui détient 3% du capital très éclaté du leader mondial des produits alimentaires et Bluebell Capital Partners, créé à Londres et arrivé il y a quelques mois.
Les fonds activistes, les actionnaires activistes prennent des participations minimes dans des sociétés qu’ils estiment mal gérées et avec des failles qu’ils peuvent exploiter. Leur unique but est d’augmenter la rentabilité, de profiter puis de placer leurs billes ailleurs….
En juin dernier, Danone était devenue la première « entreprise à mission » du CAC 40, c’est-à-dire poursuivant des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux. « Sans justice sociale, il n’y aurait plus d’entreprises » disait Emmanuel Faber. Sa décision était approuvée à 99,9%. Oui, mais il y a la crise du covid, la baisse des ventes, surtout dans le domaine des Eaux, point fort de Danone qui possède de nombreuses marques dont la tunisienne Aqualine. Un chiffre d’affaires en baisse de 6,6%, soit moins 1,7 milliards d’euros, mais un bénéfice stable de près de 2 milliards.
Ses principaux concurrents Nestlé et Unilever résistaient mieux, perdaient moins et les fonds activistes s’inquiétaient. En novembre, Bluebell envoyait une lettre au PDG pour lui reprocher une performance « décevante ». Dans la foulée, Emmanuel Faber annonçait un plan de restructuration avec la suppression de 2000 postes dont 400 en France, sur 100 000 dans le mode et promettait un redressement pour le second semestre de cette année. Pas suffisant pour les fonds d’investissements. Une preuve qu’avec peu d’actions, on peut décider de l’orientation d’une entreprise.
En France, les syndicats s’inquiètent d’une possible casse sociale, les actionnaires ayant déjà prévu des sessions de marques afin d’améliorer la rentabilité. La bourse a salué l’éviction de Faber: l’action a gagné 5%.