A Sde Boker, six ministres ont affirmé qu’il ne fallait pas oublier le conflit israélo-palestinien, mais le sujet principal, quasiment unique des discussions a bel et bien été l’Iran et la nécessité, ou non, de tout faire pour que le pays des ayatollahs ne puisse se doter de l’arme nucléaire que possède, faut-il le rappeler, l’Etat hébreu.
Les ministres des Affaires étrangères de Bahreïn, des Emirats arabes unis, de l’Egypte, du Maroc, d’Israël et des Etats-Unis ont affirmé leur détermination à empêcher l’Iran de fabriquer une bombe atomique mais les positions divergent toujours. Si pour Israël, « la conférence est un message adressé à l’Iran, qui continue de semer le chaos dans toute la région, mais va trouver face à lui un front toujours plus uni », les Etats-Unis estiment que la meilleure manière de parvenir au but est de signer un nouvel accord à Vienne. « Tous les pays ici exceptés les Etats-Unis ont des réserves sur un accord nucléaire avec l’Iran et nous les avons rapprochés de notre position« , a affirmé sous couvert d’anonymat un responsable israélien. Pas sûr en ce sens que les Etats-Unis ont quelque peu changé leurs priorités depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Dans le cadre des sanctions prises à l’égard de Moscou, Joe Biden a interdit toute importation de pétrole russe. C’est peu, 3,3%, mais il faut compenser grâce à d’autres fournisseurs qui pourraient être le Venezuela et l’Iran. Une autre manière de détacher de Moscou deux alliés… et de faire baisser les prix. Téhéran qui n’exporte plus que 600 000 barils/jour pourrait passer rapidement à 2,5 millions et même plus. Moscou s’en était inquiété et avait tenté de freiner les négociations de Vienne mais aurait renoncé et un accord serait à nouveau à portée de main, même si Washington tient à maintenir ses sanctions contre les gardiens de la révolution. Biden a également envoyé il y a trois semaines des émissaires à Caracas pour évoquer une levée de sanctions qui permettrait à Maduro, allié proclamé de Poutine, de revenir sur le marché international. Mais rien n’est fait et les infrastructures pétrolières vénézuéliennes seraient en mauvais état. Ce rapprochement avec ces deux pays amis des Russes est également dû à la détérioration des relations avec l’Arabie Saoudite et les Emirats. Ryad n’a pas digéré l’attitude de Biden à l’égard de MBS et son refus de replacer les Houthis sur la liste des organisations terroristes. Les Emirats critiquent le peu de soutien exprimé après les attaques des Houthis. Et, encore aujourd’hui, les deux ont répété que l’OPEP , dont la Russie est membre, ne fait pas de politique et qu’ils n’insisteraient pas pour une augmentation de la production souhaitée par les Occidentaux. Les Etats-Unis de Joe Biden ne considèrent plus que l’alliance avec Ryad est fondamentale…
A Sde Boker, Antony Blinken, assez esseulé a tenu à rassurer les Palestiniens pour qui le sommet a des allures de « trahison ». Il a insisté sur l’articulation souhaitable entre les pays des accords d’Abraham et les relations avec l’Autorité palestinienne pour aboutir à une solution à deux Etats. Et dimanche, il est allé le dire à Ramallah à Mahmoud Abbas. Cependant, pour arriver à cette solution à deux Etats, il faudrait que Washington exerce des pressions sur Israël. Improbable…