Le parallèle est osé, peut-être même déplacé, mais je le tente. Durant cinq jours, le sort du petit Ryan, enfant de Chefchaouen au Maroc, a tenu en haleine, en émotion, des gens de tous les pays, de toutes les confessions et sa mort a attristé tous ceux qui espéraient son sauvetage. Pendant cinq jours, Algériens et Marocains ont oublié leurs discordes, se sont souvenus qu’ils étaient frères. Une large et belle manifestation de solidarité, d’humanité, de fraternité à travers le monde.
A des kilomètres de Chefchaouen, un candidat à la présidence de la France, Eric Zemmour étalait ses convictions, affirmant que ceux qui ne le suivent pas se trompent. Il répétait qu’il n’aurait pas naturalisé Mamadou Gassama, le sans papier malien qui, en mai 2018, a sauvé un enfant au péril de sa vie en escaladant un immeuble. Un beau geste qu’un chef d’Etat ne peut prendre en compte car, responsable du « destin du pays », il ne peut « s’arrêter à des considérations personnelles. Le destin du pays de Zemmour, c’est bien sûr d’arrêter l’immigration, surtout celle de ces musulmans qui veulent remplacer le peuple français et créent d’ « innombrables enclaves étrangères ». Si la France les laissent venir, « ce sera le Liban dans dix ans, les filles porteront le voile, c’est déjà, à Roubaix, l’Afghanistan à deux heures de Paris ». Et le polémiste sait ce qu’il dit car, ses ancêtres ayant habité l’Algérie, où il n’a jamais mis les pieds, il connaît l’islam, cette religion de « soumission » qui « refuse la liberté, l’égalité homme-femme et la fraternité » qui ne peut exister qu’entre musulmans. Qu’il est loin de Chefchaouen, cet Eric Zemmour ! Aveugle, il n’a pas vu cette fraternité, cette humanité. Mais le plus grave, n’est-il pas que des millions de Français sont prêts à voter pour lui ? Et pour Marine Le Pen qui ne vaut pas mieux.