Qui a gagné, qui a perdu ? Incontestablement, la France, mise à la porte du Niger, a subi un nouvel échec africain. Il y a deux mois, elle a engagé un bras de fer qu’elle ne pouvait pas gagner seule. Défendant la légalité, la légitimité du président Bazoum déchu par des généraux soucieux avant tout de leurs propres intérêts, Emmanuel Macron espérait une forte réaction de la Cédéao, une intervention militaire. Les putschistes n’ont pas cédé, la Cédéao a reculé, les Européens n’ont soutenu Paris que du bout des lèvres et les Américains ont pris acte du fait accompli en nommant une nouvelle ambassadrice et en reprenant leur activité de surveillance, mais le départ des Français les fait réfléchir…. Le pragmatisme contre l’entêtement. La défaite était inéluctable. Se maintenir n’avait plus de sens. Tiani a donc gagné son bras de fer contre Macron.
Les apparences peuvent cependant être trompeuses. La victoire des militaires nigériens risque bien d’être à la Pyrrhus. Car les lendemains du Niger interrogent. Les putschistes surfent sur le sentiment anti-français, sur des accusations de néocolonialisme, d’incompétence militaire voire de complicité avec les djihadistes. Une propagande savamment orchestrée par la Russie, relayée par le Mali et le Burkina.
Emmanuel macron a-t-il tort quand il souligne que les attaques jihadistes font « des dizaines de morts chaque jour au Mali », et qu’elles ont repris de plus belle au Niger ? La France n’a pas vaincu les terroristes islamistes, mais elle a limité leurs gains et, au Niger, ses soldats n’agissaient que sous les ordres de Niamey
Souveraineté retrouvée proclame Niamey. On serait tenté d’ajouter : pour combien de temps ? La jeunesse, qui comme dans la majorité des pays africains, conteste les pouvoirs établis qu’elle juge corrompus et inefficaces, suit aujourd’hui les généraux avec espoir mais attend qu’ils leur ouvre des perspectives d’avenir. En ont-ils capables ? Toute la question est là. Le Sahel, berceau d’une nouvelle Afrique ou terre islamo-terroriste ?