Juste après son incarcération, Alexeï Navalny avait lancé sur les réseaux sociaux: « Ce que ces bandits (au pouvoir) craignent le plus, vous le savez, c’est que les gens descendent dans la rue (…) alors n’ayez pas peur, descendez dans la rue, pas pour moi mais pour vous-même, pour votre avenir. Ne restez pas silencieux». Ses soutiens ont pris le relais et les appels à manifester ont été largement entendus. Hier, la Russie, de Vladivostok à Moscou, a vécu une vague inédite de protestation. A iakousk, les contestataires ont même bravé un froid de moins 50 degrés. Dans les rues de la capitale, ils étaient plus de dix mille du côté de la place Pouchkine, à crier, comme des milliers d’autres dans une bonne soixantaine de villes « liberté », « la Russie sera libre », « libérez Navalny », « libé&rez les prisonniers politiques ». Ils n’ont pas écouté la police qui ne cessait de les appeler à « quitter cet événement illégal »
En début de soirée, alors que les manifestations se poursuivaient, plus de mille personnes avaient déjà été arrêtées dont Ioulia, l’épouse de Navalny qui a diffusé un selfie pris dans un véhicule de police.
Malgré toutes ses dénégations, le Kremlin est bien face à un défi lancé par son opposant connu maintenant au plan international et revenu volontairement lui faire face, sachant qu’il serait emprisonné. Ce n’est pas par hasard qu’il a fait diffuser au lendemain de son retour sa vidéo documenté et très professionnelle sur le « palais » de Poutine, sur la corruption qu’il dénonce depuis une dizaine d’années. Au moins 65 millions de vues…
Alexei Navlny, incarcéré au moins jusqu’au 15 février, sait qu’il pourrait être durement condamné et que son avenir politique est pavé d’obstacles. Cependant, il est certain depuis cet après-midi qu’il a ouvert les yeux à de nombreux de ses compatriotes sur la corruption des élites, sur la nature du régime de Poutine. Pour continuer et amplifier sa lutte, l’opposant devrait sans doute se rapprocher de toutes les oppositions, des libéraux de Iabloko comme des communistes.
Est-ce pour montrer que les manifestations nele troublent pas, Vladimir Poutine a été parmi le premiers à réagir à la mort du célèbre journaliste américain Larry King, 97 ans. « Le président ( russe) a toujours apprécié son grand professionnalisme et son autorité journalistique indiscutable », a -t-il dit via son porte-parole Dmitri Peskov.