Le ministère de l’Education nationale l’a annoncé, vous pouvez désormais déposer vos plaintes pour corruption. Une nouvelle institution du pays, qui rejoint les rangs de la guerre livrée par Kais Saied au fléau de la corruption.
Une initiative certes louable, mais l’on aurait bien envie de proposer au ministère de s’euthanasier, de se faire Hara-kiri presque, ne serait-ce que pour « laver l’honneur ». Car ce pilier de la nation, qu’est l’Education nationale, ne souffre pas de la corruption d’individus-pas que- c’est lui-même l’être corrompu, l’être aliéné.
Cela fait des décennies que l’Education nationale ne joue plus son rôle, que l’instruction sa responsabilité première y est relative, que la réussite y est monnayable, que la violence règne dans les cours d’écoles, collèges et lycées… Faisant des lieux des premiers pas du civisme des zones de non-droit.
Le cheval de Troie
Si l’on devait remonter à la genèse de cette dégradation de l’instruction publique, on pourrait évoquer l’ancien président Ben Ali et sa volonté de déconstruire le grand chantier de l’Éducation initié par Bourguiba etc… Mais la plaie factuelle qui enclenché ce pourrissement semble être l’introduction payante du soutien scolaire ou plus tunisiennement « l’étude ». Sans protestation du ministère en charge.
L’étude c’est la faute suprême. Une mise à mort légale de l’Éducation publique, puisque dès lors, elle n’est plus publique, elle n’est plus nationale, elle cesse d’être.
L’instruction se mue alors non plus comme un droit mais comme un privilège voire un bien. Un bien sauvage, sans ses cours à la bourse pour maîtriser sa valeur ou sa qualité.
Ainsi, on mise sur la quantité: étude d’arabe, math, physique-chimie, français, anglais… Les parents qui ne peuvent pas se permettre les écoles privées , se saignent et les élèves subissent. Les poches se vident mais les têtes se remplissent-elles? Rien n’est moins sûr. Le passage d’une classe à la suivante n’est plus un gage d’assimilation du savoir.
Le plus ahurissant est que l’on accepte de payer. Il est désormais acquis, que pour avoir une bonne instruction, il faut payer. Et plus c’est cher, mieux c’est.
Alors comme les responsabilités ne tiennent pas qu’à une corporation, mais qu’elles sont partagées, on conclura sur cette phrase de Jean Paul Sartre: » Ce grand cadavre à la renverse où les vers se sont mis. Elle pue, cette charogne… «