Il y a quelques semaines, l’ancien commissaire européen, le Français Thierry Breton, accusait Elon Musk d’ingérence dans les affaires européennes. La réponse claquait : «Mec, l’ingérence américaine est la seule raison pour laquelle vous ne parlez pas allemand ou russe aujourd’hui ». Depuis, le patron de Space X continue et manœuvre, comme son « patron » Donald Trump, pour déstabiliser l’Union européenne et aussi la Grande Bretagne.
Après l’attentat sur le marché de Noël à Magdebourg, en Allemagne, il a traité le chancelier Olaf Scholz d’ « incompétent, d’imbécile irresponsable » et l’a appelé à démissionner. Pour les prochaines élections du 23 février, il soutient le parti d’extrême droite AfD qui, selon lui, n’est pas d’extrême droite mais propose des « solutions de bon sens » notamment sur le refus de l’immigration. Musk estime que l’Allemagne se trouve « au bord de l’effondrement économique et culturel et que l’AfD est la seule à pouvoir sauver le pays de la destruction. »
«Ce que je trouve bien plus inquiétant que de telles insultes, est que Musk soutienne un parti comme l’AfD, qui est un parti d’extrême droite, qui prêche le rapprochement avec la Russie de Poutine et qui veut affaiblir les relations transatlantiques », a répliqué M. Scholz. « Musk renforce ceux qui affaiblissent l’Europe. Une Europe faible est dans l’intérêt de ceux pour qui la réglementation constitue une limite inappropriée à leur pouvoir », a abondé le ministre de l’Économie, Robert Habeck.
Ces réactions n’ont pas freiné le nouvel ami de Trump qui s’en prend au Premier ministre britannique Keir Starmer en ressortant la vieille affaire des viols de masse. De 1980 à 2010, plus de 1 500 jeunes filles – 250 000 d’après un membre de la Chambre des Lords- ont été agressées, violées et exploitées dans plusieurs villes, victimes d’un « gang de pédophiles » constitué en majorité d’hommes issus de la communauté pakistanaise. La presse en avait parlé sans trop insister, la police n’avait pas fait de zèle de peur d’émeutes raciales, de troubles communautaires. Que des enquêtes locales et, encore, au début du mois, un rejet de la nécessité de mener une enquête nationale. En 24 heures, Elon Musk a publié ou re-posté plus de 40 messages sur X à propos de cette affaire. Il met en cause Keir Starmer qui, de 2008 à 2013, était le procureur qui décide, ou non, des poursuites au plan national. Il l’accuse de « complicité » et veut l’envoyer en prison. Le Premier ministre dénonce « les mensonges et la désinformation » colportés par l’homme le plus riche du monde.
Lundi, le patron de X a lancé un sondage demandant aux utilisateurs de voter pour savoir si « l’Amérique devrait libérer le peuple britannique de son gouvernement tyrannique ». Elon Musk aimerait que cette affaire profite à l’extrême droite, le parti Reform UK qu’il envisageait de subventionner à hauteur de 100 millions de dollars. Mais il vient de se fâcher avec son leader Nigel Farage qu’il juge « pas à la hauteur » et qu’il veut remplacer par Tommy Robinson un extrémiste en prison pour avoir violé une décision de justice de 2021 qui lui interdisait de répéter des propos diffamatoires envers un réfugié syrien !
Autre cible de Musk, mais cette fois « en bien », l’Italienne Georgia Meloni, une femme « fantastique ». S’il loue les réalisations de la dirigeante romaine et voit en elle, selon ses proches, « la même chose qu’en Donald Trump, quelqu’un qui peut défendre les valeurs occidentales en danger », il songe aussi à son portefeuille : un juteux contrat de cybersécurité entre Rome et SpaceX est en discussion. Le seul rival est une société française.
Pas de rapport direct, mais hier devant ses ambassadeurs réunis à Paris, le président Macron s’en est pris, sans le nommer, au conseiller milliardaire de Trump : « Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne ? Qui l’aurait imaginé ? ».
Les relations entre les Etats-Unis du tandem Trump-Musk et une Europe divisée vont réserver des surprises…