C’est une véritable leçon d’histoire que nous a livré le docteur Hatem Hamdi, venu de Saint- Etienne à Lyon pour partager ses connaissances avec les lectrices et lecteurs de Tunisie Direct. Avec zèle et assurance, il renvient sur une page qui demeure méconnue de l’histoire de notre si beau pays qu’est la Tunisie : La régence.
C’est à travers la question du tourisme sous la régence que le professeur Hatem Hamdi aborde cette question ô combien épineuse qui, aujourd’hui encore, déchaine les passions. Il a consacré au sujet une thèse intitulée « Tourisme et hôtellerie en Tunisie coloniale : Une histoire à écrire, un patrimoine à découvrir » et qui devrait être publiée prochainement. Un travail de longue haleine qui lui a demandé 10 années de recherche effectuées des deux côtés de la méditerranée, en France et en Tunisie.
Détenteur d’une maitrise d’animation pour la jeunesse et la culture à Bir El Bey. Hatem Hamdi décide, une fois le diplôme en poche, d’intégrer l’Université des lettres de la Manouba plutôt que la faculté de 9 avril. Il y effectuera une année de Master en histoire du monde méditerranéen et du patrimoine avec pour mentors Leila Blili ou encore Neji Jalloul. « J’y ai alors découvert ce qu’est la véritable recherche ! » déclarera-t-il. Avant de poursuivre : « J’ai ensuite intégré l’université Jean Monnet à Saint-Etienne en Aout 2010 où j’ai eu mon Master 2 et pu ainsi finir mon mémoire ».
Des recherches débutées à la Bibliothèque Nationale et aux archives diplomatiques se sont poursuivies à l’Institut supérieur de l’histoire du mouvement national. Les documents consultés étaient français et la plupart sous forme de micro-films et de boites. Un livre l’a inspiré, celui de Mohamed Bargaoui intitulé « Tourisme et voyages en Tunisie : les années régence ».
Quand le voyageur s’installe
La régence puisque c’est de cela qu’il s’agit n’est autre qu’une politique coloniale et plus précisément l’exploitation de la Tunisie par, notamment, sa mise en valeur pour ainsi sédentariser les colons. Qu’il s’agisse de la littérature de voyage, de l’orientalisme (l’exotisme), la création de toute une palette de la littérature, sans oublier les récits de voyage qui ont joué un rôle important dans la création de l’image de la Tunisie touristique.
« Il convient ici de rappeler l’importance des agences de voyage et des compagnies maritimes comme la TRANSAT. Le premier organe touristique a donc misé sur la destination d’hivernage. Il s’agit d’un tourisme d’élite qui a permis l’aménagement des territoires par la création de plusieurs stations touristiques hivernales dans les banlieues Nord et Sud. Le voyageur s’installe et apporte son savoir-faire comme dans le domaine de l’exploitation des chemins de fer…touristes et voyageurs se retrouvaient ainsi dans le même train que celui des phosphates et les produits agricoles… »
Un véritable parcours du combattant car en Tunisie, Hatem Hamdi a dû insister pour consulter ces documents. Il y a avait en effet une limitation pour ce qui de l’emprunt et de la consultation. En France, c’est son encadreur Michel Depeyre qui l’a encouragé et grâce à une bourse, Hatem Hamdi a pu effectuer 3 semaines de recherche aux archives diplomatiques de Nantes et à la BNF (Bibliothèque nationale de France)…
124 hôtels construits avant 1914, sans oublier les chambres et les appartements à louer. L’arrivée de la voiture et l’expansion des chemins de fer, l’essor des traversées maritimes. Une véritable concurrence a vu le jour entre Nice, Alger, Tunis et Biskra. Korbous et surtout Ain Draham et Tabarka étaient des destinations très appréciées. Le tourisme, une politique coloniale sous la régence ? Oui. Une histoire de résilience malgré les créations…
Hatem Hamdi est un professeur, un intellectuel dont vous n’avez pas fini d’entendre parler, que ce soit en France ou en Tunisie.