La Tunisie s’inscrit dans le lignage de la richissime cuisine méditerranéenne. Du Maroc, en passant par la France, Malte, ou encore la Grèce jusqu’au Liban, nous détenons tous une charpente culinaire commune. Huile d’olive, légumes variés( tomates, piments, courges, légumes verts…) , des légumineuses, des céréales, des produits laitiers et forcément des poissons. Bref une région -le bassin méditerranéen- avec des avantages climatiques et environnementaux, propice à l’émergence d’ une gastronomie dont la réputation n’est plus à faire aussi bien au niveau du goût que d’un point de vue santé.
Évidemment chaque pays se distingue, les couscous marocains sont à mille lieux des tunisiens et quant aux égyptiens…ils n’ont n’en pas. Or, ce qui pourrait caractériser la cuisine tunisienne, c’est son côté premier presque. Si on se base sur les plats « emblématiques » tels que la salade mechouia, la brick à l’œuf, la chakchouka, le lablabi ou encore le keftaji. La « métamorphose » des ingrédients, par des cuissons complexes, des épices diverses ou des ingrédients hors du commun, n’est pas présente. Exception faite de la harissa qui nécessite un processus un peu plus complexe, notre cuisine est riche malgré sa simplicité. C’est beaucoup plus une cuisine d’harmonie des goûts entre des produits restreints et bruts auxquels nous varions les types de cuisson.
Néanmoins cette simplicité nécessite bien souvent de manger local et de saison. Souvent ce n’est pas nous, tunisiens, qui décidons de notre menu mais c’est la nature qui le fait pour nous.
Mais ces derniers mois, les prix affichés sur les étales des marchés font penser aux prix de l’importation. Où que vous habitiez à Tunis, les fruits et légumes sont chers. 3.000 dt les tomates en moyenne le kilo, 4,500 dt les piments, bon ils sont hors saison je vous l’accorde. 2.800 dt la botte de fenouil, 5.000 dt au kilo les petits pois, 2.500 dt les carottes, 19.000 le kilo d’ail sec … La sardine atteint des prix record (8dt le kilo), les œufs, première source de protéine avec les pois chiches, ne cessent d’augmenter et on fera une ellipse de courtoisie sur les viandes.
Malheureusement pour le consommateur, il n’y pas que l’inflation qui pèse sur son panier, il a également les pénuries… Les semoules manquent, le riz a disparu de la circulation depuis des mois. L’huile d’olive de l’Etat nécessite de se trouver au bon moment dans le bon supermarché pour en bénéficier sinon il faudra payer en moyenne 26 dt le litre. Certains produits laitiers sont introuvables.
Quant au sucre, qui est aux abonnés absents depuis hélas bien des mois, il a fait grimper le prix de nos pâtisseries typiquement ramadanesques et jusqu’à là encore bon marché, comme les « yoyos », « zlebia », « mkhrek » etc…
Bref, commander une pizza, et manger une tablette « milka » en dessert vous reviendra moins cher que de manger tunisien actuellement.