Le sprint final est lancé. Durant ces dix derniers jours qui les séparent du 5 novembre, Kamala Harris et Donald Trump vont tout mettre en œuvre pour convaincre les indécis et grappiller des voix. L’immense majorité des électeurs a déjà fait son choix et n’en changera pas, mais une petite fraction ne se décidera qu’au dernier moment.
Au niveau national, la démocrate possède une légère avance, mais ce sont les 538 grands électeurs qui éliront vraiment le président. Cela se jouera, une fois de plus, dans les sept swing states où les deux candidats sont au coude à coude. Chaque voix y comptera donc plus qu’ailleurs…
Donald Trump met toujours en avant ses trois « i » : immigration, inflation et insultes. Il martèle à chaque meeting ses griefs à l’encontre de sa concurrente : « Tu es une vice-présidente de merde, la pire, tu es virée, dégage d’ici ». Et il prépare ses troupes à la contestation en cas de défaite : plus de 175 000 de ses fans, qu’il appelle « mes pitbulls » vont surveiller les bureaux de vote et il fait déjà pression sur ceux qui, dans les comtés, doivent certifier les résultats. « Si tout est conduit de manière honnête, j’accepte les résultats » dit-il, sinon tout est possible. Ses groupuscules armés sont mobilisés.
Kamala Harris, accompagnée de stars – Beyoncé est la dernière en date- tente de regagner l’électorat qui la boude, celui des Afro-américains et des Hispaniques, naguère acquis aux démocrates. Ils ne voient pas forcément d’un œil favorable une femme à la Maison Blanche. Signe d’inquiétude, Obama et Clinton sont de plus en plus présents.
La candidate démocrate a ajouté un nouvel axe d’attaque, déjà évoqué par Joe Biden : le milliardaire, qui ne pense qu’à lui, représente un danger réel pour la démocratie. Et elle cite des anciens collaborateurs de Trump au temps de sa présidence, notamment John Kelly qui fut son chef de cabinet et le général Mark Miley, ex-chef d’état-major des armées. Celui qui affirme qu’il pourrait envoyer l’armée contre « l’ennemi intérieur », au mépris de la Constitution, demandait s’il n’était pas possible de tirer au moins dans les jambes des manifestants. Il déclarait aussi : « J’ai besoin du genre de généraux qu’avait Hitler. Des gens qui lui sont totalement loyaux, qui suivent les ordres ». Mark Miley juge qu’il «est fasciste jusqu’à la moelle », John Kelly qu’ « il correspond à la définition d’un fasciste ».
Ces arguments ajoutés à l’âge -78 ans-, que Kamala Harris voudrait massus, peuvent-ils influer sur le vote ? Pas sûr. La démocratie ne constitue pas un sujet majeur aux yeux d’électeurs préoccupés par le quotidien, les prix et l’immigration. Les mensonges grossiers de Trump risquent d’avoir plus de poids que les vérités de Harris.