« Ce sont eux qui me rejoignent, pas moi », affirme Benyamin Netanyahou qui a annoncé mercredi soir au président Yitzhak Herzog que son gouvernement, le sixième, était prêt. Ce sera le gouvernement le plus à droite de toute l’histoire d’Israël, on peut même le qualifier d’extrême droite. Quelques détails sont encore à régler, mais il sera, fait inédit, plus religieux que laïc et même raciste et anti mixité.
Comment en est-on arrivé là ? La réponse est simple : Benyamin Netanyahou ne vit que pour le pouvoir, il estime être le garant de l’existence d’Israël. De plus, poursuivi par la justice pour fraude, abus de confiance et acceptation de pots-de-vin dans trois affaires distinctes, “Bibi” cherche par tous les moyens à retarder les procès, voire à les éviter. Le pouvoir pour échapper à la condamnation, à la prison. Alors, difficile de croire que ce n’est pas lui qui a rejoint les ultra-orthodoxes et les suprémacistes. Les deux partis religieux détiennent 14 sièges, tout comme les trois partis d’extrême droite anti arabes, anti palestiniens. Sans eux, pas de majorité. Il a capitulé, accepté les pires revendications. Le chef du parti religieux Shass deviendrait ministre de l’Intérieur ; un farouche ennemi des Palestiniens contrôlerait la police des frontières et l’implantation des colonies dans les territoires occupés, israéliens selon lui ; la prière juive pourrait être autorisée sur l’esplanade des mosquées ; un extrémiste identitaire et homophobe aurait la haute main sur les programmes scolaires ; les décisions de la Cour suprême pourrait être annulées par le vote des députés….
La procureure générale du pays, Gali Baharav-Miara, a déclaré qu’un tel gouvernement pouvait faire d’Israël « une démocratie qui en a le nom, mais pas l’essence. La politisation des forces de l’ordre portera un coup sérieux aux principes les plus fondamentaux de l’État de droit, c’est-à-dire l’égalité, l’absence d’arbitraire et l’impartialité ». Le ministre sortant des Finances, Avigdor Lieberman, dit que Netanyahou « a réussi à assembler un gouvernement des ténèbres ».
Le Premier ministre a beau dire que c’est lui qui dictera la politique étrangère et celle de la défense, on voit mal comment il résisterait longtemps aux religieux et extrémistes qui l’ont pris en otage… consentant.
Les Etats-Unis et des diplomates occidentaux ont déjà fait part de leurs inquiétudes et, en Israël même, de nombreuses voix s’élèvent contre un gouvernement qui nuirait aux intérêts du pays, qui ferait fuir les investisseurs notamment dans la high-tech, fleuron essentiel de l’Etat hébreu.
Quelles vont être les réactions palestiniennes en cas de mesures honteuses en Cisjordanie où l’année qui s’achève a été la plus sanglante depuis longtemps. Va-t-on vers un nouvel embrasement si les extrémistes racistes éteignent tout espoir ?
L’avenir est rempli de questions angoissantes. En cas de dérive israélienne grave, quelle sera l’attitude des Etats-Unis, des Occidentaux en général. Au moment où la condamnation de la Russie et le soutien à l’Ukraine sont réaffirmés chaque jour, un deux poids deux mesures serait intolérable.