Et finalement, c’est François Bayrou, l’homme qui rêvait de l’Elysée ou à défaut de Matignon. Il aura longtemps attendu, mais c’est fait au terme d’une matinée qui n’en finissait pas. A l’aube, le maire de Pau avait reçu un appel du président lui demandant de venir à l’Elysée à 8h30. Forcément pour lui annoncer la bonne nouvelle. Le temps passait, et rien. Si, des rumeurs plus ou moins insistantes : Macron voulait simplement lui expliquer que ce ne serait pas lui. Les mêmes noms revenaient : Lescure, Cazeneuve, Lecornu ou une surprise. Les proches de Bayrou criaient à la trahison, certains croyaient savoir que l’entretien s’était mal passé et que le prétendant aurait brandi des menaces, évoqué une rupture qui aurait fait chuter tout autre gouvernement.
Les commentateurs et politologues en perdaient leur latin et parlaient de matinée épique, cocasse, ubuesque pleine de rebondissements. Et à midi quarante-deux, un communiqué levait le suspense : François Bayrou est le nouveau premier ministre de la France. Il a 73 ans, quatre mois de moins que Michel Barnier.
Tout ça pour ça, pourrait-on dire. Un homme qui a sauvé la campagne de Macron en 2017, pas d’inflexion à gauche, le même macronisme dont une majorité de Français ne veut plus, selon les résultats électoraux.
Avant la passation de pouvoir, le nouveau locataire de Matignon a déclaré que « tout le monde mesure la difficulté de la tâche, que tout le monde sait qu’il y a un chemin à trouver. La réconciliation est nécessaire ». C’est bien ce que lui demande le président, de dialoguer avec les partis pour trouver la stabilité. Un gouvernement jusqu’en 2027 ?
Au vu des premières réactions, ce n’est pas gagné. LFI, soutenu sans doute par les écologistes, veut une censure immédiate. Le RN n’envisage pas de censure à priori tout en maintenant ses lignes rouges. Les socialistes, qui songent toujours à un accord du type pas de 49.3 contre pas de censure, se placent en arbitre, en maître du jeu parlementaire.
Maintenant que la France connaît le « qui », des discussions vont s’engager sur le « quoi ». A Bayrou de manœuvrer, de réunir, de conclure des compromis, de former le gouvernement qu’il a dit souhaiter indépendant et constitué de personnalités fortes.
En cas d’échec, la question de la démission du président se reposera. La crise que vit la France est la conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier. Un pari, un « coup » raté que la France est en train de payer…