Depuis la dissolution de juin et les législatives de juillet qui ont installé une Assemblée nationale sans majorité absolue, la politique française va à vau-l’eau et marche à coups de 49.3, c’est-à-dire de textes, dont le budget est adopté sans vote des parlementaires.
Certes, des dossiers importants sont sur la table comme les lois sur l’agriculture ou la réforme des retraites, mais chacun, député, sénateur ou ministre, joue son jeu, se prépare aux prochaines échéances souhaitant ou craignant des législatives cet été ou une présidentielle anticipée. Même si Emmanuel Macron tient jusqu’en 2027, sa date de péremption, il est pratiquement hors-jeu de la scène nationale et ne vit que sur l’internationale ou par des petits « coups » médiatiques comme sa sortie sur le droit de payer par smartphone les péages autoroutiers…
Le Premier ministre François Bayrou s’est montré habile pour faire voter le budget et échapper aux motions de censure, mais il est toujours menacé d’autant que ses dernières actualités l’accableraient plutôt. Au lieu d’évoquer des projets et la réforme de l’Etat qu’il souhaite, comme bien d’autres avant lui, on se demande ce qu’il savait sur les violences physiques et sexuelles subies pendant plusieurs décennies par des élèves de l’établissement Notre dame de Bétharram, près de son fief palois. Au moment de certains faits, il était ministre de l’Education.
Le locataire de Matignon se fait aussi remarquer pour avoir fait rétablir une liaison aérienne entre sa ville de Pau et Orly, abandonnée car déficitaire. Il trouve qu’arriver à Charles de Gaulle n’est pas pratique… A-t-il profité de sa position ?
Certains de ses ministres, deux au moins, Retailleau et Darmanin, qui répètent à longueur de journée qu’ils agissent en fonction de ce que les Français demandent, ne pensent qu’à leur avenir. La tête des LR puis la candidature à la présidentielle pour le ministre de l’Intérieur, l’Elysée ou à défaut Matignon pour celui de la Justice. Il faut se faire remarquer, rivaliser avec Edouard Philippe.
A l’extrême droite, le Rassemblement national attend son heure. Pas la peine d’en rajouter alors que les erreurs des autres le sert. Le moment venu, il frappera, fera tomber le gouvernement. La peine dont écopera Marine Le Pen fin mars peut cependant changer les termes de l’équation…
A l’extrême gauche, aucun calcul : il faut tout conflictualiser et amener Macron à la démission. Les insoumis ne semblent pas avoir pris conscience du déclin de Mélenchon. Les Français sont de plus en plus rares à croire qu’il puisse se qualifier pour le second tour de la présidentielle… Les socialistes peuvent peser s’ils arrivent à se reconstruire et à ne plus dépendre de LFI ; les écologistes et les communistes sont sur la touche…
Conséquence de ce marasme politique : seuls 26% des Français déclarent, selon une étude du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), avoir confiance dans la politique, contre 47% en Allemagne et 39% en Italie. La défiance est particulièrement marquée envers le gouvernement, qui n’inspire confiance qu’à 23% des Français, contre 38% en Allemagne et 35% en Italie.