Depuis dimanche, une dizaine d’actions ont été menées contre des prisons françaises ou du personnel pénitentiaire. Le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’enquête pour tenter d’identifier les auteurs des faits. Aucune revendication précise, mais un message taggé, « DDPF » qui signifie « Défense des droits des prisonniers français »
«Je ne sais pas ce qui se cache derrière ce slogan», «et d’ailleurs je m’en fiche» a déclaré hier le ministre de la Justice Gérald Darmanin depuis la maison d’arrêt de Toulon-La Farlède, dont la porte a été criblée d’impacts de kalachnikov.
Ce n’est pas la première fois que des prisons sont ciblées, mais cette fois, les actions sont coordonnées et répondent à un mot d’ordre donné par ce groupe « DDPF » créé samedi dernier sur la chaîne cryptée Telegram. Qui se cache derrière ce sigle ? A l’issue du conseil des ministres de ce jour, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a indiqué que la piste du narcotrafic était privilégiée, mais celles de l’ultragauche ou d’un groupe anarchiste ne sont pas abandonnées.
Les messages de « DDPF » sont explicites, même si les plus violents ont été supprimés par Telegram qui semble collaborer avec les autorités françaises. Parmi les menaces : «Surveillants, démissionnez tant que vous le pouvez si vous tenez à vos familles et à vos proches», «les démonstrations de force de ces derniers jours ne sont rien», ou encore «sachez que notre mouvement s’étend dans toute la France. «Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes là pour défendre les droits de l’Homme à l’intérieur des prisons».
Le groupe « DDPF » ,qui compte environ 1 300 abonnés, proteste contre les fouilles des détenus et la surpopulation carcérale qui s’élève en moyenne à 130 % et peut dépasser les 230 % dans plusieurs prisons. Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, estime qu’ « il y a manifestement des gens qui essaient de déstabiliser l’Etat en intimidant ». Une intimidation contre son projet de prison réservée aux cent narcotrafiquants les plus dangereux. Ils devraient être regroupés à partir de cet été dans celle de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais.
Une idée qui se défend, mais qui interroge quand on voit que les agents pénitentiaires sont directement dans le collimateur, voitures incendiées ou cocktail molotov devant chez eux. Le personnel de la prison des patrons de la drogue sera vite listé et possiblement à la merci de leurs « petites mains », de leurs jeunes tueurs.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau a demandé aux préfets de «renforcer sans délai la protection des agents et des établissements».