Tout pour ne pas revivre les scènes préméditées de violence, de « chasse aux juifs » qu’ « Amsterdam a connue au cours de la nuit du 7 au 8 octobre après le match de football entre l’Ajax et le Maccabi Tel Aviv. Cette fois, c’est à Paris qu’une nouvelle rencontre va se jouer entre Français et Israéliens. Fallait-il délocaliser ce match jugé à « haut risque » comme le demandait notamment les amis de Jean-Luc Mélenchon ? Avec raison, les autorités françaises ont refusé : « la France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme », le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau ajoutant que s’« il n’y a pas de menace particulière, le risque zéro n’existe pas ».
L’entraîneur de l’équipe israélienne, arrivée en France lundi et qui s’entraîne dans un endroit très protégé et secret, affirme que ses joueurs « se sentent en sécurité » mais que « c’est un peu dommage que les juifs ne puissent pas venir au match. Aucune interdiction n’a été prononcée, mais Netanyahou a multiplié les mises en garde. Son conseil de sécurité nationale a « recommandé aux Israéliens à l’étranger d’agir en prenant des précautions (…) d’éviter totalement de se rendre à des rencontres sportives et événements culturels auxquels participent des Israéliens, surtout au prochain match de l’équipe d’Israël à Paris ». « Bibi » continue de surjouer, de présenter son pays en victime. Seulement 100 à 150 supporters devraient venir de l’Etat hébreu.
La billetterie reste ouverte mais seulement une vingtaine de milliers de billets ont été vendus, bien peu pour une rencontre de l’équipe de France, même si elle est en période de désamour avec son public. Au stade, il y aura 1500 policiers et gendarmes, plus 1 600 agents de sécurité. Un ratio police-spectateurs jamais atteint. Et la classe politique sera dans les tribunes :Macron, Barnier, Hollande, Sarkozy, Retailleau, Pécresse… « Un geste de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables ». Bien, mais il ne faudrait pas oublier les morts de Gaza, du Liban et de Cisjordanie.
Et la justice française a-t-elle eu raison d’autoriser ce mercredi soir le gala d’ « Israël is forever » organisé en marge d’un rassemblement pro-israélien à l’initiative du Betar, un mouvement de jeunesse juif sioniste radical. Son organisatrice, Nili Kupfer-Naouri estime qu’ « il n’y a pas de population innocente à Gaza » et que « nous ne voulons plus de voisins barbares ». Le préfet de police de Paris se contente de dire que le gala a lieu tous les ans sans incidents et que l’invité d’honneur, le ministre fasciste et suprémaciste Smotrich ne devrait pas venir. De son côté, le Betar mondial déclare : « nous sommes de fiers sionistes et n’avons pas à nous excuser ».
Face au maintien du gala, une manifestation « pro-Palestine » est aussi organisée ce mercredi en fin d’après-midi, à l’appel de plusieurs associations, syndicats et partis politiques. Attac France, Urgence Palestine, Mouvement de la Paix, CGT, FSU, Solidaires avec la participation de la France insoumise. « Pas de gala pour ceux qui prônent un génocide », dénonce un tract des organisateurs.
Même s’il n’y a pas d’incidents ce soir et demain, on ne peut que déplorer des manifestations de haine, de confusion entre antisémitisme et opposition résolue à la politique de Netanyahou. Au Stade de France, regardera-t-on du foot ou un événement politico-sportif ?