Si leur président tient le délai de 48 heures qu’il s’est fixé, les Français connaîtront ce jeudi le nom de leur nouveau Premier ministre. Cependant, à l’issue du Conseil des ministres qui a validé le projet de loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat et le fonctionnement des services publics, Emmanuel Macron a constaté que la coalition qui soutenait Michel Barnier n’a pas été élargie.
Même si ces derniers jours, quelques « bougés » ont été enregistrés qui laissent envisager un accord genre pas de 49.3, pas de censure, la France reste éloignée du gouvernement d’intérêt général souhaité par l’Elysée, les partis semblant défendre en priorité leurs intérêts propres. Et dans ce cadre, le Parti socialiste fait cavalier seul aux dépens du Nouveau Front Populaire au bord de l’implosion. Les agendas sont différents : la France Insoumise cherche à provoquer une instabilité, un chaos qui provoquerait une démission de Macron suivie d’une élection de Mélenchon à la présidence. Un calcul incertain quand on sait que le leader insoumis est le politicien le plus détesté des Français. Il a beau menacer ses partenaires en leur lançant : « Qui peut penser gagner un seul siège sans nous », il n’intimide plus les socialistes. Hier fidèle parmi les fidèles, le patron du PS Olivier Faure s’est rendu compte qu’il perdait du terrain, que sa gauche reculait et qu’il risquait de ne pas être réélu premier secrétaire lors du congrès de l’an prochain. La moitié du parti étant déjà contre lui, il lui fallait adopter un nouveau cap, retrouver davantage d’indépendance. Bien ancré dans le pays, le PS n’a pas autant besoin du NFP que les écologistes dans l’optique des élections municipales de mars 2026. Il dirige 15 des 43 villes de plus de 100 000 habitants. Et la volonté exprimée par Emmanuel Macron de ne pas dissoudre l’Assemblée nationale d’ici à 2027, arrange Olivier Faure. Cela donne du temps au PS pour se refaire une nouvelle image.
Le divorce PS-LFI est pratiquement acté par Mélenchon lui-même qui a écrit sur X : «Olivier Faure s’en prend aux Insoumis pour masquer un changement de ligne. Car refuser de censurer un gouvernement macroniste ou de droite serait un reniement du NFP, bâti pour construire une rupture avec le macronisme. Soyons clairs : accepter un tel gouvernement, ce ne serait pas avancer mais reculer». Ce à quoi Faure répond : « Je ne cherche pas une rupture (…) Quand je vois qu’il faut avancer, j’avance ».
Il avance, mais veut des gages : pas de François Bayrou à Matignon, et « le pouvoir d’initiative » accordé aux socialistes ouverts à des « accords de compromis ». En clair, Olivier Faure se veut le nouveau maître du jeu parlementaire à la place de Marine Le Pen. Son atout : sans les 66 voix de son groupe, la censure n’est pas possible.