En février 1983, en plein conseil des ministres, Jean-Pierre Chevènement, critiqué par le président Mitterrand pour sa gestion du ministère de la recherche et de l’Industrie, lâche une phrase qui deviendra célèbre : « Un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa gueule ». Dans la foulée, il démissionne et Laurent Fabius le remplace.
Quarante-deux ans après, Bruno Retailleau tient un langage bien différent. C’est lui qui a raison et il menace : « Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé, mais si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais. Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français », fait valoir le ministre de l’Intérieur dans une interview au Parisien diffusée en ligne samedi. Un ministre, ça ouvre sa gueule, ça menace avant, le cas échéant, de démissionner en faisant du bruit…
Bruno Retailleau veut gérer comme il l’entend la crise avec l’Algérie et refuse de suivre le président Macron ou le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot qui préfèrent la diplomatie au bras de fer. Vendredi, il a envoyé à Alger une liste de ressortissants algériens à expulser en priorité du territoire national, 60 à 80 noms, sur plusieurs centaines d’individus considérés comme «dangereux» par le ministère de l’Intérieur. «Ce sera l’épreuve de vérité», a déclaré le locataire de la Place Beauvau, évoquant des profils à la «dangerosité variable», mais tous condamnés pour atteinte à l’ordre public.
Bruno Retailleau estime qu’il mène la politique réclamée par l’ensemble des Français qui demandent davantage de sécurité et un net frein à l’immigration. Il ne veut plus tergiverser.
Derrière ce combat, qui n’est pas nouveau, un autre se cache, celui pour la présidence des Républicains qui l’oppose à Laurent Wauquiez. Une « guerre des chefs » qui connaîtra son résultat lors d’un scrutin prévu les 17 et 18 mai prochains.
Une élection loin d’être anecdotique car les deux rivaux voient au-delà de cette présidence partisane. Ils regardent vers l’Elysée en 2027. Laurent Wauquiez est d’ores et déjà candidat et en campagne : « Mon objectif, c’est de reconstruire mon pays […] je veux être dans les responsabilités qui permettent de le faire et dans notre pays, il y a un poste où se décident les choses, c’est la présidence de la République », a-t-il déclaré il ya quelques jours lors d’un déplacement à Toulouse.
Bruno Retailleau n’est pas candidat déclaré, mais il a le vent en poupe et sa route sera davantage dégagée s’il prend la tête de son parti.
Une autre lutte débutera -pareil pour Wauquiez s’il gagne-, celle pour représenter toute la droite. Edouard Philippe, Gérald Darmanin sont candidats…