Accusé par le Premier ministre français de « tout conflictualiser » et par la Droite républicaine de représenter un « danger pour la République », Jean-Luc Mélenchon s’en moque et poursuit le chemin qu’il s’est tracé et qui doit le mener à l’Elysée. Un but clairement avoué et revendiqué à la moindre occasion. Pour lui, cette année sera celle de la démission d’Emmanuel Macron, « monarque vaincu dans son palais branlant » et il précise : « Rien ne reste jamais longtemps à l’extrême. Aujourd’hui, c’est l’extrême mal. D’ici peu, on va revenir vers le bien, puis l’extrême bien. On fait le pari que ça va bien finir ».
L’insoumis en chef croit que le chaos, l’instabilité, voire des troubles pousseront le président à partir et qu’il saura, alors, saisir sa chance. Une chance qui dépend aussi de l’union de son camp, du Nouveau Front Populaire. Et il se conduit en véritable dictateur pour obliger les socialistes qui relèvent la tête afin d’exister par eux-mêmes et rompre avec les excès des Insoumis. Parce qu’ils négocient avec le gouvernement en espérant pouvoir montrer aux électeurs qu’ils obtiennent des résultats positifs, Mélenchon les traitent de « traitres » et les menacent : « Tous ceux qui ne votent pas la censure sortent de l’accord du NFP, donc on met des options sur leurs circonscriptions ».Les socialistes risqueraient de perdre un bon nombre de sièges en cas d’élections anticipées. Un risque qu’ils hésitent à prendre.
Il ne fait aucun doute que le NFP est moribond. Socialistes, Insoumis, écologistes et communistes le savent, mais, si jamais Emmanuel Macron quittait l’Elysée, Mélenchon reste, pour l’instant, le candidat le mieux placé. Il est l’homme politique le plus détesté des Français, un véritable repoussoir, mais si toute la gauche le soutient, il peut arriver au second tour, face à Marine Le Pen. Si celle-ci, qui connaîtra la décision des juges le 31 mars est autorisée à se présenter.
Beaucoup sont persuadés que la candidate du Rassemblement national battra nettement le chef des Insoumis. « Sur quoi se basent-ils pour affirmer ça ? C’est de la mousse médiatique », rétorque Manuel Bompard, le coordinateur national de LFI. Comme lors des dernières législatives, les Insoumis pensent que les électeurs voudront faire barrage au Rassemblement national. Une telle présidentielle verrait plutôt une large victoire des abstentionnistes, un problème pour la démocratie…
En attendant, le Premier ministre François Bayrou poursuit ses efforts pour détacher les socialistes du NFP, et durer. Sans le vote des 66 députés du PS, pas de censure possible.